Un volcan par jour

Presse

Chronique sur la Cliothèque

Présenter 55 volcans en une BD, Un volcan par jour: voilà la pari osé de Fanny Vaucher. A travers le monde, Fanny Vaucher opère donc une sélection de ces sites si particuliers pour les sociétés humaines, à la fois source de mythes, de fascination et de craintes.
Dans cette BD qui mêle à la fois des pages de romans graphiques et de carnet de bord intime, nous explorons les volcans à la fois d’un point de vue scientifique, touristique, mythologique, naturaliste… Un patchwork assez improbable sur la papier, mais qui fonctionne très bien dans la réalité tant l’on sent la passion et l’envie de l’auteur de nous emmener dans sa vision du sujet.

Fanny Vaucher nous emmène à la découverte de la faune et de la flore de ces sites majestueux dans un style qui mélange peinture et crayonnés, contemplation, bulles de lecture et textes explicatifs. A certains moments les pages semblent (sont?) saturées d’informations, de messages et de couleurs. D’autres semblent juste être des sensations de couleurs et des transcriptions en couleurs des sentiments divers ressentis devant la majesté de ces paysages.

A travers les volcans apparaissent aussi, en filigrane, les sociétés humaines. Sociétés qui ont voulu mettre des noms, des significations sur ces phénomènes indomptables. Sociétés qui ont voulu les déchiffrer, les comprendre et les exploiter. Et de ci de là, quelques personnages fameux comme les Kraft au destin interrompu par ce désir de volcans.
En résumé, un travail complexe et édifiant, où l’on apprend tant de choses, à la fois sur les volcans mais aussi sur celle qui a voulu les sublimer. Une vraie découverte à partager au plus grand nombre.

Matthieu Henry, La Cliothèque, le 31 oct 2023

Un volcan par jour fait partie des 10 coups de cœur de l’année 2023 de Gilles de Diesbach, en ligne le 30.12.23 sur le site RTS Culture

Durant la pandémie de Covid-19, Fanny Vaucher vit seule avec sa chienne dans les montagnes jurassiennes. Tout est à l’arrêt, sauf son imagination. Elle décide alors de faire le tour du monde depuis sa table à dessin. En aquarelle s’il vous plaît. Son défi: raconter un volcan par jour. Sauf que Fanny Vaucher n’est pas une volcanologue, mais une autrice BD en ébullition!

Ne vous fiez pas au titre ou à la couverture de cet album: l’intérieur est une explosion de créativité. Sans cadre, ni structure. Un peu de documentation, mais surtout du lâcher-prise. L’autrice commente, s’évade, divague, laisse sa spontanéité prendre le dessus. Un laisser-aller total dans ces volcans, sources de fascination et de peur, de vie et de destruction, de grandiose tout simplement.

Fanny Vaucher fait feu de tout volcan

La dessinatrice vaudoise publie un travail brûlant sur ces montagnes de feu, initié durant le confinement.

La chaîne du Jura ne comporte pas le moindre volcan, pas la plus petite fumerolle, pas la moindre odeur de soufre. C’est pourtant là que Fanny Vaucher a plongé dans le monde de ces explosions naturelles, actives ou endormies, pendant cinquante-cinq jours, à raison d’un volcan par jour. La dessinatrice vaudoise – connue aussi pour «Le siècle de Jeanne» et «Le siècle d’Emma» – était strictement confinée avec son chien dans un chalet juras-sien français pendant la première vague de Covid-19. Elle avait donc envie de voyager, et ce thème était la meilleure manière de quitter le pays. Surtout, elle est une curieuse invétérée. Elle a commandé tous les livres disponibles, a plongé dans internet pour ce qui était d’abord un blog, qui lui permet-tait d’explorer tous les genres graphiques, de s’amuser de son dessin poétique re-haussé des couleurs de ses aquarelles. Le projet lui permettait également d’écrire, son autre passion.

Fantasmes et vérités
C’est aujourd’hui un bel album hors norme où se conjuguent documentation et poésie, mythes et réalité, Fanny Vaucher ayant laissé sa créativité jaillir, libre de toute contrainte. Elle évoque donc le pic Chaussy, dont, dans son enfance, elle imaginait les éruptions de neige coulant sur les flancs de la montagne des Préalpes. Elle raconte le mont Hasan, en Turquie, surplombant la cité néolithique de Çatalhöyük, où les archéologues ont retrouvé le premier dessin de volcan, datant d’il y a huit mille six cents ans. Oui, la cofondatrice du collectif La Bûche réussit à parler de tout à travers ces pages, de l’Antiquité comme de l’écologie, du féminisme comme de la climatologie, de la chimie comme du design. On y croise Théodore Monod marchant dans le désert, le commandant Cousteau ressuscité, Zéna M’Déré, première des Chatouilleuses de Mayotte, qui voulaient rattacher l’archipel à la France, l’architecte Renzo Piano, auteur d’un bâtiment en forme de volcan, ou Romerolagus Diazi, soit le lapin des volcans mexicains, dont certains groupes ont des chefs femelles.

«Quel volcan êtes-vous?»
Et, bien sûr, des vulcanologues intrépides parsèment l’ouvrage de leurs aventures. On peut parcourir le livre dans l’ordre des pages comme l’ouvrir au hasard, tomber sur de belles aquarelles sans parole du Znika, lire l’histoire en trois chapitres de la recluse Marcia sur White Island, alias Whatqari, s’amuser d’un quiz pour savoir «quel volcan êtes-vous?», admirer les 45 vésuves décorés d’autant de dômes, se plonger dans la compilation des rêves de volcans les plus partagés sur le web. Ce parcours immobile a été enrichi par cinq textes d’auteur, Sylvain Fankhauser, Jonas Pool, Jörg Riebman, Colline G. et Emile Blondel. Cinq voix qui s’additionnent à celle de Fanny Vaucher, qui avoue en préface que «ce voyage à l’intérieur de ma tête a été une des plus grandes merveilles de ma vie. […] Les moments passés à dessiner ces 55 volcans ont été solaires, et j’ai profondément conscience du privilège que j’ai eu de pouvoir les vivre.» Le lecteur passe également des moments solaires devant son ouvrage.

David Moginier, 24Heures, 22 octobre 2023

Chronique dans Qwertz

Choisir le confinement pour partir aux confins du monde réel et imaginaire: pendant 55 jours en 2020, Fanny Vaucher s’est astreinte à dessiner un volcan quotidiennement. L’occasion est trop belle pour ne pas mélanger les cartes : aux classiques Pinatubo, Stromboli, volcans d’Auvergne ou Krakatoa viennent non seulement s’ajouter des cracheurs méconnus, mais aussi les vésuves du 1er août, un chien nommé Volcan, Vulcain ou le volcan de bisous. Une éruption d’aquarelles vivantes, sur un ton drôle et personnel.

Chronique d’Ellen Ichters, mise en ligne le 15 septembre dans Qwertz

Fanny Vaucher, invitée à Vertigo (RTS, 28 août 2023) >> Ecouter l’émission