Solon

D'après Le "roman de Solon" de Martine Ruchat

Voyame Elisabeth,

ISBN: 978-2-88901-173-5, 208 pages, 27€, 2021

Tiré du Roman de Solon de Martine Ruchat, paru en 2008 chez Antipodes, cette bande dessinée retrace le parcours du jeune Marc Solon, un enfant placé qui deviendra voleur dans la Genève du XIXe siècle. Un parcours lié à la pauvreté, au manque de statut et de considération, révélé par les magnifiques dessins à l’encre de chine d’Elisabeth Voyame.

FINALISTE DU PRIX SUISSE DE LA MEILLEURE PREMIÈRE OEUVRE DE BD 2021 !

Format Imprimé - 35,00 CHF

Description

« Les enfermements pouvaient durer des journées entières. En mai 1853, on m’a laissé dix jours au cachot. Lors de ces longs moments d’isolement et de recueillement forcés, Vautier attendait que je regarde en moi et découvre toute la noirceur qui, selon lui, s’y trouvait. Il voulait que je voie, enfin, mon coeur de pierre et que je me repente, et pleure, unique signe, à ses yeux, de la sincérité de mes regrets. Cette satisfaction, je ne la lui ai jamais donnée. Jamais. » (extraits)

À travers la vie quotidienne de Marc Solon ayant véritablement existé au XIXe siècle, la bande dessinée rend compte de quelques vues anciennes de la ville et de la région genevoise où se situe le récit et donne la parole, grâce à l’étude historique sur des sources de premières mains, à un voleur des rues de cette époque.

 

Les autrices

Licenciée ès lettres en histoire de l’art à l’Université de Lausanne avec un mémoire portant sur la peinture dans l’Ossola au XVIe siècle (1995), Elisabeth Voyame a peu après suivi des cours d’illustration à l’Istituto Europeo di Design à Milan. Historienne de l’art indépendante, elle s’est intéressée à la sculpture de la première moitié du XXe siècle, d’abord au Tessin puis en Suisse romande. Elle a publié le catalogue Apollonio Paul Pessina scultore (2003) et collaboré aux ouvrages collectifs Arte in Ticino. Il confronto con la modernità (2003), Casimir Reymond. Sa vie et son oeuvre (2010), Remo Rossi. Antologica (2012), parallèlement à d’autres mandats et à son activité d’enseignante de français langue étrangère. À cinquante ans, elle décide de reprendre crayons et encre de Chine. Solon est sa première publication en tant que dessinatrice.

Anciennement professeure à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève, Martine Ruchat a publié plusieurs ouvrages sur l’éducation dont L’oiseau et le cachot. Naissance de l’éducation correctionnelle en Suisse romande, 1800-1913 (Éditions Zoé, 1993) ; aux Éditions Antipodes Le “roman de Solon”. Enfant placé – voleur de métier (2008); un roman biographique La passion selon Charles-Henri Rapin ou le roman de soi (2012) ; une biographie Édouard Claparède. À quoi sert l’éducation (2015) ; coécrit avec Samuel Boussion et Mathias Gardet L’Internationale des républiques d’enfants 1939-1955 (Paris : Anamosa, 2021) et aux Éditions Slatkine Élisabeth H. Une femme comme les autres (2021).

Extraits des planches

©Elisabeth Voyame

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Presse

Le roman de Solon, chronique dans la Revue d’histoire de l’enfance «irrégulière»

Comment restituer une existence ? Comment rendre compte des «vies minuscules», de celles et ceux qui n’ont guère laissé de traces, si ce n’est par l’entremise de documents administratifs, état civil, admission à l’hôpital général, mention dons un registre, enregistrement pour delirium tremens, relevé de condamnations Dons un formidable roman graphique, Élisabeth Voyame suit la destinée de Solon, de son plus jeune âge, placé dons des familles d’accueil à un âge avancé, quarante ans plus tord, lorsqu’il emprunte des sentiers montagneux en plein hiver. Le scénario construit à partir d’un ouvrage de Martine Ruchet, spécialiste reconnue de l’éducation et des Républiques d’enfants, ne comporte pas d’aventures flamboyantes mois une succession d’épisodes que des enfants ont véritablement connus au XIXe siècle.

Élisabeth Voyame signe un texte à la fois minimaliste et brûlant – car reflet fictionnel de trajectoires authentiques – faisant se consumer les lecteurs, et de dessins en phase avec l’époque. Le récit n’est pas linéaire. L’album s’ouvre en 1855, dote de la première condamnation et se referme ou milieu des années 1890, mois, régulièrement, des épisodes de son enfonce et des moments correspondant à l’adolescence, voire à la vie de jeune adulte sont enchâssés dons la trame de l’album. Ces flashback, habilement mis en scène, per-mettent soit de créer du suspense, soit d’éclairer une séquence de la vie de Marc Solon, soit encore de poser sons en avoir l’air des questions sur le déroulé d’une vie et le déterminisme social.

Un des éducateurs en charge du redressement moral, dans une prière du soir, au moment du repas, le souligne : «Si vous naissez pauvres, vous devez le rester, tel est la volonté divine». L’acceptation, le fatalisme et l’impossibilité de sortir de sa condition sont présentés comme des règles incontournables. Solon lui-même au soir de sa vie s’interroge «Ma vie aurait-elle été différente, si».

Chronique complète de Frédéric Chauvaud à retrouver dans Revue d’histoire de l’enfance irrégulière, n°26, L’enfance en case, août 2024.


Dans le magazine de Livre Suisse

LES EXCLUS DE GENÈVE
Dans Solon, nous découvrons Genève au XIXe siècle non pas dans la perspective de ses hauts dignitaires, mais de ses exclus. Tiré du roman historique quasi éponyme de Martine Ruchat (Antipodes, 2008), cette adaptation en bande dessinée retrace la destinée d’un pupille de la République et ses enfermements successifs à cause de ses vols et menus larcins. Le trait hachuré et les nuances de gris d’Elisabeth Voyame immergent immédiatement dans
une ambiance de faubourg, de miasme et d’horizons futurs déjà barrés.

Magazine Livre Suisse, numéro 1, printemps/été 2021

 

Reportage TV dans l’émission « Céline, ses livres » sur Léman Bleu >> à regarder ici

 

 

Article sur le site Actuabd.com

Elisabeth Voyame entre dans l’univers du 9e art avec un premier album remarquable, « Solon », la biographie d’un homme sans racine, adaptée du « Roman de Solon » de Martine Ruchat, qui redonne vie et paroles à ces enfants, « placés, enfermés, et qui se sont tus ».

C’est dans le Genève du 19e siècle, qu’est né et qu’a vécu Solon, enfant illégitime, abandonné et placé en institution. Sa vie bat au rythme des vols et de la mendicité pour se nourrir, une quête de la survie qui le conduit à de multiples reprises en prison.

La souffrance de Marc Solon est celle d’un homme qui ne possède ni mémoire familiale ni même une identité propre, le nom de Solon ayant été donné par l’administration à sa mère, elle-même abandonnée à l’âge de quatre jours. « Des noms facilement reconnaissables distincts de ceux des honnêtes gens et qui devaient permettre aux assistés de prendre place dans la commune avec un statut bien défini ».

Ce statut, d’être utile à un pays qui l’oblige uniquement à des devoirs et à ne jamais rien posséder, Solon le refuse. Il fuit alors Genève et devient vagabond pour être maître de la seule chose qu’il possède, le temps.

Établi et reconstitué à partir de documents d’archives administratives et judiciaires, l’histoire de Marc Solon induit une réflexion sur la transmission des mémoires. La force du roman graphique d’Elisabeth Voyame émane de la volonté de doter cet homme invisible aux yeux de la société, d’une humanité qui ne transparaît pas dans les documents d’archives et d’une personnalité affirmée et attachante.

L’évocation de la société genevoise calviniste est un autre point fort de l’album. L’autrice la décrit sans cliché mais égratigne au passage une bourgeoisie qui s’assigne une mission philanthropique auprès de ces « damnés de la terre ». Ils survivent dans une Genève qui apparaît carcérale pour Solon et sa mère, prédestinés et condamnés à être enfermés dans un déterminisme social sans échappatoire.

Le lavis de l’encre de chine ajoute une touche surannée à l’atmosphère mélancolique de cette histoire saisissante qui ancre parfaitement la ville de Genève dans la temporalité de l’histoire.

Historienne de l’art et enseignante de formation, Elisabeth Voyame se révèle talentueuse avec Solon, sa première publication en tant que dessinatrice. Souhaitons-lui de concrétiser d’aussi beaux projets que ce premier opus.


Article de Nadine Riu, sur le site ActuaBD, 29 juin 2021

 

SOLON, GARÇON DES RUES A GENEVE

Elisabeth Voyame signe un premier roman graphique très réussi sur les enfants contraints la mendicité et au vol, en Suisse, au XIXe siècle.

C’est à un voyage dans le temps saisissant que nous convie Elisabeth Voyame avec son premier roman graphique, Solon, grande réussite tant au niveau des dessins que de la construction narrative. Historienne de l’art et enseignante, formée à l’illustration à l’Institut européen du design à Milan, elle s’est basée sur l’essai historique de Martine Ruchat, Le Roman de Solon. Enfant placé, voleur de métier, paru aux Editions Antipodes à Lausanne en 2008.

FROID DE DÉCEMBRE
Genève, 1855. Solon est un jeune adolescent, livré à lui-même, qui vit dans la rue en quémandant à manger aux alentours des restaurants. Il se fait régulièrement rabrouer, sans ménagement. Le 16 mai, cette année-là, il est arrêté pour mendicité et enfermé à la prison de l’Evêché, à côté de la cathédrale Saint-Pierre. L’église de la Madeleine et l’église luthérienne sont aussi toutes proches. La prison est ainsi «encerclée par pour l’auteure d’annoncer l’encerclement moral et religieux qui va également enserrer, pour ne pas dire écrabouiller, Solon, de l’enfance à la vieillesse. Solon parvient à survivre grâce à de petits travaux occasionnels: «manœuvre, ramasseur, casseur d’os ou chiffonnier». Mais la faim l’envoie de nouveau derrière les barreaux, pour trois ans cette fois. Les conditions de détention abrutissent et déshumanisent. Devenu jeune homme, Marc Solon, toujours seul, trouve une pièce où dormir à Machilly, en Savoie. Il reprend ses travaux à peine rétribués. C’est le froid de décembre qui va lui faire retrouver l’humidité de la prison. Au carrefour de Rive, il ramasse par terre une couverture, devant le café Berthet. Il passe devant la Cour de justice correctionnelle juste après Noël. Délinquant, aux origines familiales douteuses, il est jugé coupable, même si personne n’a réclamé la couverture …

À LA PLACE DU MOLARD
Quand il sort de prison à 21 ans, l’étiquette de malfrat l’empêche de trouver du travail sur la place du Molard où se pressent les manœuvres qui espèrent être embauchés à la journée. Sans travail, le jeune Solon sombrera dans l’alcool, jusqu’à la déchéance. Le crayon d’Elisabeth Voyame remonte alors dans le temps et s’attache à la mère de Solon, enfant placée comme domestique, rabrouée parce qu’elle aime trop les hommes, puis incarcérée parce qu’elle tombe enceinte. Elle aura plusieurs enfants, dont Marc, tous placés dans des familles d’accueil. Les bonnes âmes, à chaque étape (hôpital, tribunal, prison, employeurs), sanctionnent la fille-mère sans attaches, ni argent. Ce parcours dans la Genève du XIXe, ses rues, ses cafés, en compagnie de ces êtres broyés, s’achève de façon bouleversante par le sursaut de Solon devenu un vieil homme: la décision de briser ses chaînes, de quitter Genève et de croire à la possibilité d’une dignité retrouvée.

 

Lisbeth Koutchoumoff Arman, 27 juin 2021, Le Temps

 

 

Solon, d’enfant au passé volé à adulte au présent emprisonné

« Solon » est une bande-dessinée d’Elisabeth Voyame adaptée du « Roman de Solon » de Martine Ruchat parue aux éditions Antipodes. Un petit chef d’oeuvre de notre histoire romande de 200 pages racontant l’horreur de l’enfermement vécu par ce personnage paumé, ex-enfant placé, boulet de la société genevoise, voleur et ivrogne, bon à rien mais au final attachant. On est au milieu du XIXe dans une société protestante genevoise rigide qui cherche à « redresser » des enfants abandonnés à la naissance et pour qui la bonne éducation voulue par Dieu était très contraignante, avec son corollaire de sévices et d’humiliations en cas de pas de travers. Les enfants punis devaient, par exemple, porter un pantalon aux jambes de couleurs différentes pendant un certain temps.
L’histoire de Martine Ruchat qu’Elisabeth Voyame met en dessin, est une plongée dans une ville de Genève où la bourgeoisie locale ne tend pas spécialement la main aux multi-récidivistes comme Marc Solon, qui soit dit en passant, ne vole que pour survivre. Seul le cachot semble être imposé comme une solution aux écarts quotidiens du vagabond quand il est libéré après une peine de plusieurs jours ou semaines. La beauté de ce récit illustré tient dans la justesse de restitution de lieux connus de Genève et dans la traduction de la dégradation physique d’un Solon qui rêve en permanence à ses racines inconnues. Il lui manque un peu de chance pour sortir de sa condition. La saisira-t-il de son vivant ? A vous de le découvrir.

Pour retrouver tous les reportages de la RTS sur cette douloureuse question des enfants placés : https://notrehistoire.ch/galleries/l-enfance-volee-en-suisse


Article de David Glaser, sur le site Notrehistoire.ch, 21 mai 2021

 

L’Oliver Twist genevois revit en BD

Élisabeth Voyame signe son premier album en adaptant «Le roman de Solon», l’histoire vraie d’un pauvre hère dans la Cité de Calvin au XIXe siècle.

Ce sont deux parcours plutôt singuliers. D’un côté celui du personnage principal du livre de Martine Ruchat paru en 2008: «Le roman de Solon». Enfant placé, gamin des rues, devenu voleur par nécessité, puis par métier, Marc Solon traverse sa vie (1840-1896) en allant de prison genevoise en prison genevoise, se faisant à chaque fois arrêter à peine ressorti. Martine Ruchat avait fait de nombreuses recherches historiques pour retracer le parcours de ce personnage ayant réellement existé.

Aujourd’hui, ce livre est adapté par Élisabeth Voyame qui signe là sa première BD, à passé 50 ans, elle qui a une carrière d’historienne de l’art et d’enseignante de français. Il faut oser se lancer dans pareille aventure, mais son coup d’essai est réussi. Elle a su mettre en scène ce livre, découper la vie de Solon, lui donner des traits, nous faire voir la Genève du XIXe siècle et, tout simplement, nous tenir en haleine page après page.

École d’illustration milanaise

«Le dessin a toujours été là dans ma vie, nous explique-t-elle. Dès mes 4-5 ans. On m’encourageait quand on voyait ce que je faisais, Mais avec mes études, j’ai laissé le dessin de côté, parce qu’on disait qu’on n’en vivait pas, et je l’ai toujours regretté». Elle y retouchera à 25 ans, à Milan, où elle se rend pour son sujet de mémoire et suivra une école d’illustration. Mais encore une fois, elle ne poursuivra pas dans cette voie. Jusqu’à il y a quelques années où, au hasard d’une rencontre, les éditions Antipode lui proposent d’illustrer un ouvrage. Le projet tombera à l’eau, mais les éditions lui proposent alors d’adapter «Solon» en BD.
«J’ai lu le livre et j’ai dit oui, bien sûr, je me lance. Je crois que j’aurais été prête à y aller pour tout ouvrage, mais pour mon premier travail j’ai eu de la chance et été très touchée que l’on me confie un livre aussi beau». Élisabeth Voyame se jette donc à l’eau, elle qui, elle l’avoue, ne connaissait rien à la BD. «J’avais lu quelques «Boule et Bill», mais ce monde m’était étranger. Une fois ce travail confié, je suis retourné feuilleter d’autres albums, en librairie».

Du «Roman de Solon», qui se veut aussi un ouvrage historique et sociologique, elle se concentre sur la biographie du personnage, lui donne les traits qu’elle lui imagine. Elle s’appuie sur des recherches iconographiques pour dessiner le Genève d’alors, les costumes. Elle progresse de quatre pages en quatre pages, pour un livre qui en comptera 200, et montre le résultat chapitre par chapitre à l’éditeur et à Martine Ruchat, qui l’encouragent. «J’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à faire cet ouvrage».

Pas de happy end

Le lecteur aussi, prend plaisir à le lire. Il y a l’histoire, déjà, forte. Solon, c’est un peu l’Oliver Twist de Dickens: l’enfant laissé à lui-même, qui doit survivre dans la rue, voler pour cela. Mais contrairement au héros anglais, le petit Genevois n’aura pas la chance d’être recueilli par une famille riche. Genève n’est alors guère tolérant envers ces gamins des rues, ces jeunes délinquants. On lui apprend toutefois le métier de cordonnier en prison, qu’on lui laissera exercer à sa prochaine sortie. Mais cette fois, Solon trébuchera seul, plongera dans l’alcool et retrouvera ses mauvaises pratiques. Une sombre litanie qui durera presque jusqu’à la fin de sa vie.
Dessinée à l’encre de Chine et au petit Rotring, la BD prend des allures de gravures de l’époque, qui collent bien au récit. Élisabeth Voyame avoue qu’elle aimerait beaucoup continuer dans cette voie, illustrer le livre d’un autre, ou faire une BD sur son propre scénario. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Grâce à Solon, qui n’est jamais parvenu à changer de vie, Élisabeth Voyame en a peut-être trouvé une nouvelle.

Article de Michel Pralong, lematin.ch, 9 mai 2021

 

Elisabeth Voyame et Martine Ruchat invitées d’Yves Zahno dans le 12h30 (radio, RTS La Première) : écouter l’émission ici.

Liens audio et vidéo

Reportage TV dans l’émission « Céline, ses livres » sur Léman Bleu >> à regarder ici

 

 

Elisabeth Voyame et Martine Ruchat invitées d’Yves Zahno dans le 12h30 (radio, RTS La Première) : écouter l’émission ici.

 

Prix

Solon était parmi les finalistes du Prix suisse de la meilleure première oeuvre de BD 2021 !

+ d’infos sur le site de Delémont’BD.