Paroles, paroles

Comment l'État écoute ses justiciables

Cicchini, Marco, Droux, Joelle, Ferreira, Cristina, Frauenfelder, Arnaud,

ISBN:978-2-88901-267-1, 2024, 400 pages, 29€

À l’abri des regards, au sein d’un tribunal ou d’un cabinet professionnel, se déroulent des moments d’écoute rarement étudiés par les sciences sociales. Les justiciables du civil et du pénal, mineur·es ou adultes, doivent répondre de leurs actes, exposer leur vie et leur vision des faits. À l’époque contemporaine, quelle est l’importance de l’écoute pour prendre des décisions de curatelle, de placements psychiatriques ou encore de sanctions pénales et de mesures socio-éducatives? Quels sont les obstacles au droit d’être entendu et comment les personnes réagissent-elles aux interventions de l’État? Fruit d’une entreprise collective, cet ouvrage d’histoire et de sociologie analyse ces rituels d’écoute par lesquels quantité de problèmes sociaux sont verbalisés ou voués à se taire.

Format Imprimé - 36,00 CHF

Description

Dans le champ de l’État, écouter relève d’une exigence formelle censée concrétiser l’égalité des citoyen·es devant la justice et le droit d’être entendu. Auditions, interrogatoires, entretiens, visites à domicile: à l’abri des regards, les pratiques de l’écoute sont des moments de face-à-face influencés par le poids des hiérarchies sociales. Lorsqu’il s’agit de prendre la parole, de comprendre les tenants et les aboutissants d’une procédure, et d’avoir les moyens de défense, les justiciables, mineur·es et adultes, sont inégalement dotés en pouvoir et en compétence linguistique. Les rituels d’écoute soulèvent ainsi des questions essentielles qui ont trait à la sécurité juridique, à la confiance dans les institutions, à la déontologie des représentants de l’État, aux garanties d’un traitement équitable et respectueux de l’intégrité des personnes. Dans le civil comme dans le pénal, comment comprennent-elles le sens des normes dont l’application affecte parfois durablement le cours de leur existence? De leur côté, comment les représentants de l’État font face aux réactions d’agressivité, de détresse, parfois de démence et de folie?

Ce sont ces questions que cet ouvrage collectif analyse à partir d’une diversité de situations où se décident des curatelles, des suivis éducatifs et d’encadrement socio-judiciaire, des placements médico-psychiatriques, des sanctions pénales. Au plus près des rituels d’écoute et du quotidien des institutions, les auteur-es livrent un tableau vivant et nuancé de la gestion ordinaire des problèmes sociaux.

Table des matières

INTRODUCTION

ENQUÊTER SUR LE GOUVERNEMENT PAR L’ÉCOUTE
Cristina Ferreira, Arnaud Frauenfelder, Joëlle Droux,
Marco Cicchini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  5

PREMIÈRE PARTIE. L’ÉTAT TEND L’OREILLE :
GOUVERNER À PROXIMITÉ, RÉGLER DES CONFLITS

L’INTERDICTION ET SES RÉGIMES D’ÉCOUTE AU XIXE SIÈCLE
Marco Cicchini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  29

DÉSACCORDS MAJEURS. LA RÉGULATION
DES CONFLITS FAMILIAUX SOUS LE RÉGIME
DU CODE CIVIL SUISSE (GENÈVE, 1912-1942)
Joëlle Droux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  63

DE LA VOLONTÉ DE TRAVAILLER AVEC LES FAMILLES :
LES AMBIGUÏTÉS DE L’INTERVENTION EN PROTECTION
DE L’ENFANCE
Arnaud Frauenfelder . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  91

« PRÉVENIR AVEC DOUCEUR, AGIR AVEC FERMETÉ » :
DU RÔLE TUTÉLAIRE ET SOCIAL DES JUSTICES DE PAIX
VAUDOISES
Ludovic Maugué . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  123

FAIRE LE BIEN DES GENS MALGRÉ EUX.
AUDITIONNER EN VUE D’UNE PROTECTION CONTRAINTE
Cristina Ferreira . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  155

DEUXIÈME PARTIE
FAIRE LA SOURDE OREILLE : PAROLES DISCRÉDITÉES

DU TRIBUNAL AU CENTRE DE CURE : DITS ET ÉCRITS
Jean-François Laé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  177

LA PAROLE DES ALCOOLIQUES ENTRE SOLLICITATIONS
ET (DIS)CRÉDIT (GENÈVE, ANNÉES 1970)
Mikhäel Moreau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  205

« MA VIE EST ENTRE VOS MAINS ». PAROLE(S) EN PROCÈS
Julie Minoc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  227

ENTRE DITS ET NON-DITS : POLYPHONIES DISCURSIVES
AUTOUR D’UN JEUNE « GITAN » FACE AU PÉNAL
Arnaud Frauenfelder . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  263

TROISIÈME PARTIE. VOIX D’AUTORITÉ ET CONTRE-RÉCITS

« AUJOURD’HUI JULIE NE FORMULE AUCUNE DEMANDE,
SI CE N’EST QUE NOUS LA LAISSIONS TRANQUILLE ».
PARADOXES DE LA CONTRAINTE À DES FINS DE PROTECTION
Géraldine Bugnon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  293

LA PAROLE DES MINEUR·ES INTERNÉ·ES À L’HÔPITAL
PSYCHIATRIQUE DE MENDRISIO : ENTRE EXPÉRIENCES VÉCUES
ET CAPACITÉS D’AGIR (1945-1981)
Marco Nardone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  321

GARDER UN CAP FACE À LA JUSTICE PÉNALE DES MINEUR·ES :
UNE ANALYSE DE LA NAVIGATION DIFFÉRENTIELLE DE GENRE
Armelle Weil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  347

« LIBRE, VOILÀ ENCORE UN MOT QUI ME FERAIT RIRE
S’IL NE ME FAISAIT PAS PEUR. »
PARCOURS D’UNE FEMME INTERNÉE
Mirjana Farkas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  373

ÉCRIRE À DÉFAUT D’ÊTRE ENTENDU : LA VOIX POSTHUME
DE FRANÇOIS CONOD (1945-2017)
Cristina Ferreira . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  383

AUTEUR·ES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .  389

Presse

L’émission Tribu de RTS La Première discute du livre Paroles, Paroles.

Émission Tribu du 1er novembre 2024, avec les invité.e.s Cristina Ferreira, co-autrice du livre, et Marco Ciccini, historien.

Décisions de curatelle, sanctions pénales ou placements psychiatriques: voilà autant de mesures que l’État prend parfois à lʹencontre de la population. Quel est la place accordée à l’écoute dans ces décisions? Comment cette écoute a-t-elle évoluée avec le temps? Le droit d’être étendu est-il et a-t-il toujours été absolu?