OSS 117: l’espion est-il mat ?
L’imaginaire politique de guerre froide dans une série d’espionnage populaire française (1949-1972)
Gay-Bianco, Morgane,
ISBN:978-2-88901-243-5, 2023, 392 pages, 29€
Le succès de la série OSS 117 en fait un objet de recherche de choix pour appréhender les imbrications de l’imaginaire politique de la France de l’après Seconde Guerre mondiale et de l’évolution des cultures de Guerre froide.
Description
Jean puis Josette Bruce publièrent plus de 240 romans d’OSS 117 entre 1949 et 1972; tous mettant en scène l’espion de la CIA, Hubert Bonisseur de la Bath, qui parcourt un univers simpliste, exotique et érotisé pour sauvegarder le Monde Libre. Suivant une recette bien rôdée, chaque épisode est une partie d’échecs où le lectorat est au fait des règles et des subtilités et où, en plus, il connaît à l’avance le gagnant. Le succès de la série paralittéraire en fait un objet de recherche de choix pour appréhender les imbrications de l’imaginaire politique de la France de l’après Seconde Guerre mondiale et de l’évolution des cultures de Guerre froide.
Dans les années 1950, la fiction d’espionnage représente un marché lucratif pour de nombreuses maisons d’édition françaises. Dix ans plus tard, les grands éditeurs fusionnent et le roman d’espionnage est de plus en plus assimilé à quelques grands noms, dont la série OSS 117 de la famille Bruce. À première vue, l’évolution du genre paralittéraire suit les mutations des cultures de Guerre froide où le manichéisme des années 1950 pressenti dans le bloc occidental se complexifie et s’ambiguïse la décennie suivante avec l’ajout de nouvelles menaces dont les perturbations dues à la décolonisation et les tensions éclatant au sein des deux blocs. L’analyse de l’univers de références de la série OSS 117 appréhende les imbrications de l’imaginaire politique de la France de l’après Seconde Guerre mondiale et de l’évolution des cultures de Guerre froide.
Plus de 240 romans de OSS 117 sont parus entre 1949 et 1972 mais la lecture d’un seul roman ne saurait expliquer l’engouement suscité par le célèbre Hubert Bonisseur de la Bath, meilleur espion de la CIA aux lointaines origines françaises. L’enthousiasme provient plutôt de l’accumulation des stéréotypes rencontrés au fil des épisodes qui convoquent et enrichissent un imaginaire populaire plus large investi des valeurs et des idées de chaque lecteur et de chaque lectrice qui plongent inlassablement dans une partie d’échecs où le gagnant est connu d’avance mais où ce sont les coups et les combinaisons qui fascinent.
Morgane Gay-Bianco est docteure es Lettres en Histoire contemporaine (Université de Fribourg) et travaille actuellement à UniDistance. Elle est valaisanne, elle vit et travaille à Sion.
Tables des matières
Introduction
I. Du pouvoir de la culture
II. De la légitimité des cultures de Guerre froide
III. OSS 117, l’espion de la CIA aux lointaines origines françaises
Au cœur des imaginaires
1. L’approche par la sérialité
2. L’Industrie paralittéraire et le roman d’espionnage
Succès en série
3. Une intrigue toute tracée… ou presque !
4. Une poignée de caractères parmi la foule
5. L’illusion exotique
Jeux d’espions & Pions du jeu
6. L’explicite politique
7. Les tensions sous-entendues
8. Les «tabous»
Conclusion
I. L’imaginaire politique de la série OSS 117
II. Une recette qui s’essouffle
III. Un imaginaire qui survit
Annexes
I. Liste des romans de OSS 117
II. Les différentes collections de OSS 117
i. Collections par ordre chronologique d’édition
ii. Rééditions particulières
III. Les films de OSS 117
IV. Les bandes-dessinées de OSS 117
V. Les autres adaptations : théâtre, radio et télévision
VI. Dispositif narratif
VII. Lieux d’intrigue
Bibliographie choisie
Sources
Épisodes de OSS 117 analysés, par ordre de première parution
Archives de la Cinémathèque française
Revue de presse par ordre chronologique
Feuilles volantes
Travaux et littérature secondaire