Mémoires dans la ville
Question sensible et enjeu de transmission
de Mestral, Aurélie, Dotti, Federico, Opériol, Valérie,
ISBN:978-2-88901-266-4, 216 pages, 2024, 22€
Quel est la place des marqueurs mémoriels (statues, noms de rue, etc.) dans l’espace public? Comment aborder la question de la mémoire dans une perspective antiraciste, décoloniale ou féministe dans les écoles? Ce livre donne des pistes et revient sur des expériences menées en classe par des enseignant·e·s.
Description
Les statues, bustes ou noms des rues font aujourd’hui l’objet de contestations, de revendications et de gestes militants. La place des marqueurs mémoriels dans l’espace public est interrogée, dans une perspective antiraciste, décoloniale ou féministe. Ce questionnement est l’expression d’une évolution sociétale, orientée vers une forme de reconnaissance des mémoires blessées et invisibles en accord avec une vision et des valeurs actuelles. Prend alors forme une réflexion sur le devenir des monuments et des odonymes.
Cet ouvrage examine comment ces débats médiatiques et politiques s’invitent à l’école. Des expériences sont menées en classe pour inscrire cette actualité dans l’histoire de l’esclavage, de la colonisation, des rapports de genre, du mouvement ouvrier. Il s’agit de faire connaître les faits historiques, mais aussi de se pencher sur la construction de ces mémoires. Les élèves sont ainsi conduit·e·s à débattre, à développer leur agentivité et à se former à une citoyenneté éclairée ou engagée.
Cette recherche trouve son origine dans un projet collectif élaboré au sein de l’Équipe de didactique de l’histoire et de la citoyenneté (ÉDHICE) de l’Université de Genève, à laquelle appartiennent l’ensemble des auteurs et autrices du livre. Son thème a été développé dans le cadre d’un séminaire de recherche destiné aux enseignant·e·s d’histoire du secondaire en formation.
Presse
Penser l’histoire à l’école
En 2015, la campagne Rhodes must fall obtient le déboulonnage de la statue de Cecil Rhodes – figure de l’impérialisme britannique – à l’Université du Cap en Afrique du Sud. En 2020, catalysée par le meurtre de George Floyd, une vague de contestations se répand sur plusieurs continents et questionne des monuments ayant un lien avec le colonialisme et l’esclavagisme. Parallèlement, des initiatives féministes s’efforcent de rendre aux femmes leur place dans les villes. Statues, bustes et noms des rues font aujourd’hui l’objet de contestations, de revendications et d’actions militantes. Ce questionnement traduit une évolution sociétale orientée vers une forme de reconnaissance des mémoires blessées et invisibles en accord avec les valeurs actuelles. Tout cela se retrouve dans cet ouvrage issu d’un projet collectif mené au sein de l’Équipe de didactique de l’histoire et de la citoyenneté (Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation) et qui examine la manière dont ces débats s’invitent à l’école. Les chapitres rendent compte des expériences menées en classe et analysent les réactions des élèves. Les thématiques embrassées reflètent une certaine vision de l’histoire enseignée à l’école: une discipline de sciences sociales qui traite de controverses, de questions sensibles et qui cherche à faire acquérir les moyens d’exercer une pensée historienne, afin que les élèves soient à même de réfléchir aux enjeux mémoriels, aux différents rapports de domination ainsi qu’aux mécanismes d’inclusion et d’exclusion sociales.
Chronique publiée dans Campus, N°159, décembre 2024.