La vie, l’amour, la mort & les protéines

Baillie, Vivienne, Lolo, Aloys,

ISBN:978-2-88901-238-1, 2023, 72 pages, 22€

Sans protéines, il n’y a simplement pas de vie sur Terre. Mais savez-vous vraiment ce qu’elles sont et quel est leur rôle dans les organismes ? Vivienne et aloys débordent d’énergie, d’humour et de créativité pour y répondre en BD et vous emmènent avec eux dans les confins de l’infiniment petit…

Format Imprimé - 27,00 CHF

Description

Le mot «protéine» est le plus souvent associé à la seule notion d’alimentation, de puissance et d’énergie – en témoignent les nombreuses publicités pour toutes sortes d’aliments ou de boissons énergétiques «protéinées» – ou alors d’équilibre diététique. En somme, la protéine est quelque chose qu’il faut surtout consommer, ou pas, pour le bon fonctionnement de notre organisme.

Or, il se trouve que chaque être vivant – des bactéries aux êtres humains en passant par les plantes, les batraciens et les insectes – est fait de protéines dont il existe des centaines de milliers de formes différentes, chacune avec une fonction bien distincte. C’est un monde extrêmement complexe, une société en soi qui se déploie sans cesse au sein de chaque organisme, avec ses microcosmes, ses échanges, ses liens, ses petites communautés, ses failles et ses ruptures.

Pour faire court : sans protéines, il n’y aurait pas de vie!

Postface d’Amos Bairoch, Professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Genève. Il est à l’origine d’UniProtKB/Swiss-Prot, l’une des plus importantes banques de données de séquences de protéines dans le monde, et co-fondateur du SIB (Institut suisse de bioinformatique).

 

Rencontres et dédicaces:

  • exposition « le musée aloys lolo » à la Villa Dutoit, à voir du 16 septembre au 8 octobre 2023 : plus d’infos,
  • dédicaces 19 octobre 2023, librairie Cumulus à Genève,
  • dédicaces 22 novembre 2023, librairie L’Inopinée à Lausanne,
  • rencontre dédicaces 9 & 10 décembre 2023, Salon Mi-livre mi-raisin à Paris avec les Insécables,
  • rencontre dessinée et dédicaces les 9 & 10 mars 2024, sur la scène BD du Salon du livre de Genève.

Extrait des planches

© aloys lolo

Presse

CHRONIQUE dans le COURRIER
La télé, la BD et les protéines

J’avais eu beaucoup de plaisir à préparer une série télévisée sur «L’histoire de la vie» pour TF1 (alors chaîne publique, c’est vous dire si c’est un vieux souvenir!) avec le regretté Pierre Desgraupes. Outre ses compétences remarquables de journaliste, il était célèbre pour certains slogans de principe… et quelques colères patronales. En particulier, il s’emportait si l’on ne travaillait pas pour sa référence téléspectatrice: «La mercière de Bourg-en-Bresse, âgée de 50 ans, qui nous regarde, après le journal de huit heures du soir, en mangeant ses spaghetti.» Bref, l’heure à laquelle était initialement programmée notre série.
Aussi, quand il m’a demandé de préparer une émission sur la génétique, que j’enseignais alors à tous les niveaux universitaires, j’ai renâclé car je n’étais pas certain que la mercière dans ses spaghetti soit prête à entendre parler du code génétique, de la biosynthèse des protéines, des mutations, de la méiose et de la recombinaison, sans lesquels il n’y a pas de génétique. Surtout si, en même temps, la concurrence offrait une comédie sur la chaîne 3 et un match de foot sur la 2! Ce qui me valut une engueulade, comme quoi j’étais nul, que la télé devait savoir expliquer n’importe quoi à n’importe qui, etc.
Devant l’orage, je cédais, en mettant une condition exorbitante: avoir vingt minutes d’animation pour expliquer les choses correctement. Ce qui fut accepté. Moyennant quoi, nous avons compacté trente heures de cours du collège, niveau maturité, en cinquante-six minutes, avec les prestataires d’animation les moins chers de Paris – pas forcément les meilleurs! Mais ils constituaient déjà un public test… Le tout nous valut d’être reprogrammés en fin de soirée, dès la première diffusion. Puis, de multiples fois, entre trois et cinq heures du matin quand TF1, privatisée, décida d’émettre toute la nuit sans avoir les émissions pour. Les insomniaques francophones ont ainsi été formés en génétique, mais pas la mercière, si elle dormait bien!
J’ai repensé à cette vieille histoire pendant ma lecture de La vie, l’amour, la mort & les protéines, jolie BD réalisée, pour le dessin, par le génial Aloys Lolo, à partir du projet scientifique de Vivienne Baillie Gerritsen. Un projet encore plus ambitieux que le mien puisque son sujet, c’est les protéines, des molécules chimiques qui font tout dans le vivant, pas seulement la génétique! Alors qu’en mon temps, au vu de l’effet que la biochimie faisait aux étudiant·es, je l’avais glissée sous le tapis, là nous sommes en plein dans son immense complexité, réduite en soixante-quatre pages de format modeste.
Le défi était donc immense: parler de millions de molécules qui interviennent chez des millions d’espèces vivantes, très différentes les unes des autres. Avec des milliers de rôles hétéroclites: de la synthèse de l’ADN à la mue des insectes ou à notre digestion. Pour accompagner le lecteur ou la lectrice et conserver son empathie, les auteurs ont scénarisé leurs relations et leurs efforts réciproques, sans masquer les moments difficiles et les impasses, illustrés par des gags pertinents et des pauses-café imagées. Et l’on sent, par le dessin, que la science, par l’accumulation d’information aride et la difficulté de la comprendre, n’a pas toujours le beau rôle.
Pourtant, tout le monde devrait se passionner pour ce vaste sujet: la vie, l’amour, la mort, dont aucune n’existerait, dont rien ne serait compris sans savoir ce qu’y font… les protéines! Beaucoup de molécules du vivant sont aussi indispensables, mais la plupart dans des rôles passifs. Tandis que beaucoup de protéines sont très actives et pilotent la vie des cellules, des organes, des individus et des populations, quand ce n’est celle des écosystèmes. On peut donc paraphraser Kropotkine qui a écrit que «sans le plaisir, la vie s’arrêterait», en disant que «sans les protéines, la vie n’existerait pas»!

Lundi 11 Décembre 2023, DÉDÉ-LA-SCIENCE, Le Courrier

 


Pour son retour à la BD, Aloys croque des protéines

Avec la biologiste Vivienne Baillie Gerritsen, l’auteur genevois se met en scène dans un ouvrage de vulgarisation scientifique riche en humour.

Près de quarante ans sans un seul album! Ah, ça, on peut dire qu’Aloys sait se faire désirer. En 1985, le dessinateur genevois signe «La peau des rêves» pour les Éditions Magic-Strip, à Bruxelles. Sa carrière paraît bien lancée, lui qui a aussi publié «Zig zag zoug» avec Gérald Poussin en 1982, et mis en images quelques années plus tôt les aventures de girondes héroïnes prénommées Quickett’ et Flupkette, dans «Charlie mensuel».

Pilier des Studios Lolos à Carouge, Yves Robellaz (son véritable patronyme) semble devoir s’imposer dans le landerneau de la BD en ce milieu des années 80. Sauf qu’il va falloir attendre octobre 2023 pour voir sortir, ces jours, «La vie, l’amour, la mort & les protéines», un ouvrage de vulgarisation scientifique signé avec la biologiste Vivienne Baillie Gerritsen. Que s’est-il passé entretemps?

«Je n’ai jamais arrêté la bande dessinée», plaide Aloys dans son antre des Studios Lolos, où il a momentanément entreposé une partie des documents présentés récemment à la Villa Dutoit dans le cadre d’une exposition rétrospective autour de son œuvre. Tout en conservant sa «fausse ligne claire sensuelle», comme il qualifie son style aisément reconnaissable, notre homme n’a en réalité pas chômé durant les trente-huit ans séparant son avant-dernier livre de son nouvel opus.

Travaux de commande

«Ma notoriété m’a permis de gagner assez d’argent dans d’autres domaines», avance-t-il en renvoyant à son CV long comme le bras. En vrac, des brochures et des affiches culturelles et prophylactiques, des dessins politiques, des dessins animés, des maquettes de journaux, des places de jeu (il est très fier du parc Baud-Bovy, derrière Uni Mail), des meubles, des timbres, des fresques… n’en jetez plus la coupe est pleine. «Mieux payés que des planches de BD, ces travaux de commande m’ont permis de nourrir mes cinq enfants.»

La retraite venue, Aloys a voulu profiter de sa rente AVS pour se remettre exclusivement à la bande dessinée. Mais qu’entreprendre? «Je n’avais pas envie de raconter ma vie dans une autofiction», souligne le jeune septuagénaire. La proposition de Vivienne Baillie Gerritsen est tombée à pic. «Nous nous étions rencontrés à la Nuit de la science en 2000 et avions gardé le contact. Tout ce qui touche aux aspects scientifiques m’intéresse.»

Spécialisée dans la vulgarisation du monde surprenant des protéines, la biologiste établie dans le canton de Vaud a signé à ce sujet près de 300 articles, des pièces de théâtre, des contes et mis sur pied plusieurs expositions. Pleine d’humour et de créativité, voici désormais la version BD, qui plonge aux confins de l’infiniment petit.

Sans protéines, pas de vie sur Terre! découvre-t-on au fil des pages de cet ouvrage accessible à tout un chacun. «Dans les supermarchés, on voit le mot protéine absolument partout: sur les boissons, les aliments. On a pris cela de plus en plus comme un synonyme d’énergie. Alors que c’est un monde beaucoup plus complexe», indique Vivienne Baillie Gerritsen au bout du fil. «Les protéines produisent de l’énergie quand elles sont dans les muscles, mais elles nous aident également à voir, à penser, à toucher, à sentir. On ne serait rien sans elles.»


Trait précis

Responsable de la page BD du magazine «Dimensions» publié par l’EPFL, la vulgarisatrice scientifique loue le trait précis d’Aloys, «idéal pour un domaine relativement exigeant comme la biologie moléculaire.» Entre les deux auteurs, les échanges ont été nombreux. «Il fallait arriver à quelque chose de juste sans en dire trop pour ne pas ennuyer le lecteur.»

Avec bonheur, Vivienne Baillie Gerritsen a aussi constaté les réelles capacités de scénariste de son binôme. Il fallait cela pour raconter à chaque fois sur deux pages différentes séquences bourrées d’humour, à partir de données scientifiques assez denses. Sur le principe de «La Rubrique à brac» chère à Gotlib, Aloys met en scène graphiquement leur duo de créateurs. «J’emploie depuis longtemps mon propre personnage dans mes BD. Cela apporte de la sincérité. Mon humour au deuxième degré et demi transparaît dans les textes.»

Autre figure des Studios Lolos, Pierre Wazem évolue à contre-emploi, dans un rôle ingrat de cobaye scientifique. Requinqué par ce nouvel opus, Aloys se déclare prêt à publier désormais un album par année. De sa poche, il tire un calepin sur lequel il a listé ses projets. Parmi ceux-ci, une longue histoire de Quickett’ & Flupkette, un recueil de dessins politiques, un autre de strips et le deuxième tome de «La peau des rêves». «Mon but, ce n’est pas d’obtenir le Prix Töpffer. Seulement d’instruire en rigolant, en y ajoutant un peu de poésie.» Du pur Aloys.

Voir aussi le blog Protein Spotlight: proteinspotlight.org

Philippe Muri dans la Tribune de Genève, 22.10.23

 


Aloys dévoile 50 ans de créations à la Villa Dutoit

Pilier des fameux studios Lolos, le dessinateur genevois présente différentes facettes de son œuvre multiforme dans une exposition évolutive.

D’abord il a dit non. Puis Aloys s’est ravisé. Bien sûr, trop de travail, mais tout de même: la Villa Dutoit, ça ne se refuse pas. Quoique. Il a fallu toute la force de persuasion de son fils aîné Ignatz pour que le dessinateur genevois accepte l’invitation qui lui était faite de dévoiler différentes facettes de son œuvre, à l’occasion de son septantième anniversaire.

«J’ai accepté à condition que mes cinq enfants – quatre garçons et une fille, de 16 à 37 ans – me donnent un coup de main. Ils sont devenus mes «curateurices» dans une sorte de musée passager», explique ce fringant pilier des studios Lolos, à Carouge. Présent les samedis et dimanches sur place, Aloys joue volontiers les guides au sein de cette exposition rétrospective évolutive. «Il faut venir souvent. J’ajoute régulièrement de nouvelles pièces.»

Et ce ne sont pas celles-ci qui manquent. «À la Villa Dutoit, je montre peut-être 10% de mes travaux», estime celui qui a délaissé son véritable patronyme – Yves Robellaz – pour signer Aloys quantité de bandes dessinées dont les mémorables aventures de Quickett et Flupkette, deux girondes héroïnes lointainement inspirées par Quick et Flupke, les poulbots créés par Hergé.

Du «ch’ni en couleurs»

Dans ses cartons entreposés aux studios Lolos, l’auteur des rares albums «Zig zag zoug», avec Gérald Poussin, et «La peau des rêves» a pioché à l’envi pour présenter ce qu’il nomme parfois son «ch’ni en couleurs», à savoir des échantillons d’une production qui donne le tournis. Il en a extrait une brassée d’affiches au format mondial, des affichettes, des flyers, des timbres, des cartes de vœux, des guides prophylactiques, toutes sortes de strips, on en passe et des plus inattendus, comme cette maquette pour un tram des TPG décoré à ses couleurs en 2001.

En attendant de découvrir le nouvel opus sur lequel Aloys travaille depuis quatre ans, «une vulgarisation rigolote autour de la biologie moléculaire, en compagnie de l’écrivaine Vivienne Baillie Gerritsen», coup d’œil dans la cour de la Villa Dutoit: un puzzle géant en 3D y représente l’Afrique. Belle pièce, à apprécier avant d’arpenter les couloirs du rez-de-chaussée, où s’étale une frise de couvertures réalisées pour l’AMR.

Plus loin, sur les murs du grand salon, une vingtaine de pièces prestigieuses sous forme d’affiches pour l’Institut Jaques-Dalcroze, la Nuit de la science et la Fureur de lire, entre autres. Ou encore cette image pour l’édition 2000 de la Fête de la musique, comportant un alphabet graphique et musical dont certains se souviennent encore. De magnifiques créations qu’il revendique et apprécie toujours avec le recul du temps.

À l’étage, une pièce est dévolue aux studios Lolos, qu’Aloys a fondés en 1979 avec la cinéaste Patricia Plattner et le peintre Philippe Deléglise. De la première affichette pour le Beau Lac de Bâle à la dernière réalisée il y a quelques semaines pour l’AMR, on y passe en revue l’histoire de Genève des quarante-cinq dernières années. Un voyage dans le temps ponctué par quelques réalisations signées notamment Louise Bonnet, Fabian Menor ou Pierre Wazem, ex ou actuels membres des studios.
Fin de la visite avec un détour par un shop installé à l’entresol. Aloys y propose différents originaux à des prix tout à fait accessibles. On découvre aussi une minibrochure présentant une méthode pour apprendre à dessiner comme Aloys. Gloup! Pas évident de reproduire ce qu’il appelle lui-même sa «fausse ligne claire sensuelle». Mais qu’importe: «Ça amuse beaucoup les visiteurs.»

Article de Philippe Muri pour la Tribune de Genève, 21.09.23