La Suisse à contre-poil. Miettes historiques
Delaloye, Gérard,
2006, 176 pages, 19 €, ISBN:2-940146-67-5
Quel est le rapport entre la crise des fonds juifs et les célébrations manquées du bicentenaire de la République helvétique? La méconnaissance de l’histoire. Depuis plus de vingt ans, l’auteur de ce livre tente de faire œuvre de vulgarisateur en abordant les sujets historiques les plus divers dans des journaux de Suisse romande.
Description
Quel est le rapport entre la crise des fonds juifs et les célébrations manquées du bicentenaire de la République helvétique ? La méconnaissance de l’histoire. Depuis plus de vingt ans, l’auteur de ce livre tente de faire œuvre de vulgarisateur en abordant les sujets historiques les plus divers dans des journaux de Suisse romande.
Pour Le Nouveau Quotidien, il a écrit de nombreux articles sur la Suisse pendant la Deuxième Guerre mondiale. On y retrouve Rothmund, le chef de la police des étrangers, comme Laughlin Currie, l’envoyé du président Roosevelt venu en 1945 demander que Berne cesse enfin ses relations avec les nazis.
Dans Le Temps, il s’est livré à un véritable tour de Suisse allant de Genève au vallon de Saint-Imier, de Sion à Lugano ou à Stäfa, sur les rives du lac de Zurich, afin de suivre le lent cheminement des idées nouvelles qui, de 1798 à 1848, donnèrent corps à l’État dans lequel nous vivons.
Pour L’Hebdo, ce sont les impostures historiques qu’il s’est attaché à dévoiler. À commencer par celle commise par Pascal Couchepin lorsqu’il loua en 2003 la fondation par Bonaparte du régime de l’Acte de Médiation dans une Suisse occupée par les troupes françaises. Mais il est aussi question d’un Valais peu catholique, de Bernois exécutant leurs officiers, de Jurassiens pas plus Rauraques que les Neuchâtelois…
Table des matières
Autour de la Seconde Guerre mondiale
- En 1938, le Conseil fédéral fait des juifs suisses des citoyens de seconde zone
- Comment s’est formée la mémoire historique de la Suisse
- Hitler voulut-il avaler la Suisse?
- L’envers du décor en 1941-1943
- À Vallorbe, le 6 juin 1944
- En février 1945, les Américains présentent la facture
- Trois grandes banques en odeur de nazisme disparaissent discrètement
- La fondation de l’ONU laisse la Suisse de marbre
- Isolée, la Suisse paie cher ses compromissions
- Les banquiers suisses invitent Churchill pour faire oublier l’or des nazis
- En 1946, que devenaient les rescapés des camps?
- Le sort étrange des tableaux volés par les nazis
- Les Suisses de Pologne indemnisés avec des fonds juifs
- Berne nomme une Commission indépendante d’experts
- Quand William E. Rappard et ses amis fondaient l’Internationale libérale au Mont-Pèlerin
Une Suisse en gestation (1798-1848)
- Petite chronologie de temps mouvementés
- Un bicentenaire encombrant, un cent cinquantième incertain, la Suisse doute de ses anniversaires
- « Des ennemis de saint Nicolas Chenaux, délivrez-nous Seigneur! »
- Le rêve éphémère d’une Rauracie indépendante
- Quand l’Erguël devint un terrain vague franco-helvétique
- En 1795, les habitants de Stäfa relèvent la tête et manquent de se la faire couper
- L’attrait de la République cisalpine met le Tessin en ébullition
- Le baroud d’honneur des Ormonans attachés à la vieille Suisse
- « La ville de Sion est escaladée et on y fait un massacre horrible »
- Nidwald déclare la guerre à la France
- La fabuleuse épopée alpine des cosaques de Souvorov
- Le héros de Marengo au Grand-Saint-Bernard
- Construite pour les canons, la route du Simplon n’en vit jamais !
- Pictet rêvait d’un canton, il obtint une peau de chagrin
- Les Neuchâtelois se font Suisses tout en restant Prussiens
- Quand les Bâlois de la ville chassèrent ceux des champs
- La Régénération divise plus qu’elle n’unit
- L’échec du papisme à Fribourg
- La Suisse advint…
- … et Josef Munzinger lui donna une monnaie
Les mensonges de l’histoire suisse
- Inventer l’histoire
- Une identité nationale inachevée
- Un Acte de Médiation curieusement encensé
- Abram de Pury, l’inventeur de chanoines
- Le Valais tenté par l’hérésie
- Les fils de la Rauracie? Des Allemands!
- Le mystère Davel et les Vaudois
- Quand les Bernois fusillaient leurs colonels
Presse
Collection Antipodes: La Suisse à rebrousse-poil!
Durant des années, nous avons eu la chance de recevoir des ouvrages de cette remarquable maison d’édition, qui se penche sur l’histoire et l’économie de notre pays avec un regard neuf, qui nous purifie de la vision imposée à des générations de potaches par le propagandiste Chevallaz et ses épigones.
Depuis une vingtaine d’années, Gérard Delaloye, muséographe, journaliste, historien, a publié des articles fort intéressants sur l’histoire contemporaine, dans Le Matin Dimanche, Le Temps, Le Nouveau quotidien où il a mis en évidence ses talents de pédagogue et de vulgarisateur, en évoquant des thèmes souvent ressentis comme ardus ou rébarbatifs. Ce parti pris de poil à gratter n’est pas pour nous déplaire, confessons-le. Cet ouvrage recueille des articles parus, ces dernières décennies dans les médias précités.
Un chapitre est entièrement consacré aux mensonges de l’histoire suisse, plusieurs autres mettent en évidence l’aspect mythologique et édifiant de notre saga nationale. (…)
Daniel Balmer, La fonction publique, 689 (juillet 2009), p. 25
La curiosité impertinente de Gérard Delaloye
Le chroniqueur de Largeur.com ne se laisse jamais piéger par le conformisme ambiant. Son nouveau livre, La Suisse à contre-poil, éclaire sans concession les coulisses du théâtre patriotique.
Les leçons d’histoire, à l’école, n’ont pas la cote. Sauf si le prof est passionné/passionnant. La branche ne pèse pas lourd dans la moyenne générale. Et puis le passé paraît si lointain.
Quelques chapitres, comme la Révolution française ou la conquête des Amériques, ont au moins un côté romanesque qui peut plaire. Mais il y a un volet de cet enseignement, abordé généralement au pas de course, qui est particulièrement casse-pieds: l’histoire suisse.
Ayant pris goût sur le tard à cette matière, je me suis demandé pourquoi la lecture scolaire habituelle de l’histoire paraît si ennuyeuse. Cela tient au fait, je pense, que le récit « officiel » construit une mythologie helvétique dont on se méfie intuitivement: trop lisse, trop belle pour être authentique. On se doute vite, avant même d’en avoir les preuves, que les contradictions, les zones d’ombres, les bizarreries ont été oubliées ou alors à peine effleurées.
L’histoire suisse commence d’être palpitante précisément quand on va faire un tour dans les coulisses du théâtre patriotique. C’est ce que fait, depuis des années, l’historien-journaliste Gérard Delaloye que les habitués de Largeur.com connaissent bien. Sa curiosité impertinente n’est pas due à quelque penchant masochiste, nihiliste ou autodestructeur. Il veut seulement y voir clair dans notre passé: le débarrasser du maquillage des convenances.
Sa culture époustouflante, sa façon de faire cracher les bibliothèques de leurs secrets, sa connaissance des trois régions linguistiques de la Suisse font de lui un historien précieux. Mais comme de surcroît, il écrit d’une plume tranquille et claire, comme il suit l’actualité sans jamais rien manquer d’important (même lorsqu’il vit à Bucarest, grâce au net, rien ne lui échappe en Helvétie!), il est aussi un grand journaliste.
Ayant eu la chance de travailler souvent avec lui, j’ai pu apprécier chez lui une qualité rare: en quelques mots, par une question, une remarque, une suggestion tranquille, il faisait « décoller » le débat dans la séance de rédaction promise au ron-ron. Delaloye ne se laisse pas piéger par le conformisme médiatique ambiant. Très vite, à partir du fait d’actualité qui fait bavarder ses confrères univoques, s’appuyant sur tel ou tel trait du passé, il trouve une dimension plus large dans l’espace géographique, plus profonde dans le temps, plus révélatrice de l’époque.
Ses articles, publiés dans Le Nouveau Quotidien, dans Le Temps et dans L’Hebdo, sont maintenant accessibles sous forme d’un livre: La Suisse à contre-poil (éditions Antipodes). Le titre est fin: il y a un certain plaisir à gratter, à remonter en sens interdit la toison dominante.
Il y a même une part d’humour dans l’exercice. Il est piquant de redécouvrir comment la Suisse qui aime tant se gargariser de sa souveraineté a été dessinée, dans sa forme moderne, par un Napoléon solitaire, arbitraire, sourd aux revendications helvétiques, qu’elles émanent des révolutionnaires ou des conservateurs. Ce qui n’a pas empêché le conseiller fédéral Pascal Couchepin, reçu à Paris en 2003, de placer le fameux «acte de médiation» sous le signe de « la longue amitié franco-suisse ».
Savoureuse, la révélation d’un haut-vallon de St.-Imier qui, en 1792, se constitue en république indépendante entre la France révolutionnaire et une Helvétie réactionnaire et effarouchée.
Comiques, les craintes du Conseil fédéral lors de la visite de Churchill en Suisse en 1946: il tenta de l’empêcher de prendre la parole en public! Il fallut toute l’insistance de Max Petitpierre pour éviter cette balourdise. Les notes de Delaloye sur l’immédiat après-guerre sont particulièrement intéressantes: on a si bien su oublier la difficulté qu’a eue la Confédération à rompre avec le Reich finissant et à trouver les faveurs des vainqueurs… de fort mauvaise humeur à notre endroit.
Ces quarante-trois articles font passer de surprise en surprise. Ils donneraient le goût de l’histoire jusqu’aux cancres qui se sont endormis sur le manuel de Georges-André Chevallaz, cette somme d’ennui et de demi-vérités qui, dans les écoles, a trop longtemps servi de mémoire officielle.
Jacques Pilet, Largeur.com, 30 janvier 2006
L’Histoire sans se raconter d’histoires
La France n’en finit pas de polémiquer sur son histoire. La mise à jour de ses turpitudes coloniales lui donne la fièvre. Pour certains, c’est du masochisme. Pour d’autres, un simple devoir de vérité.
Et en Suisse? Nous avons eu des débats semblables à propos de la Seconde Guerre mondiale. Mais c’est fini. On a le sentiment d’avoir fait le travail une bonne fois pour toutes. Il y a heureusement des historiens qui ne s’arrêtent pas là. Ils continuent d’explorer les coulisses du théâtre qui nous a été donné à voir. Leurs trouvailles sont éclairantes, souvent piquantes.
L’un d’eux est journaliste. Gérard Delaloye a écrit de nombreuses chroniques dans Le Nouveau Quotidien, Le Temps, L’Hebdo et sur le site www.largeur.com. Il a eu la bonne idée de les rassembler dans un livre: La Suisse à contre-poil. Jolie formule parce qu’il y a un plaisir à gratter, à rebrousser la toison des discours dominants.
Sa culture impressionnante, son art de faire cracher aux bibliothèques leurs secrets, son sens des rapprochements entre le passé et le présent, son écriture alerte font de lui un auteur captivant. Il donnerait le goût de l’histoire jusqu’à ceux qui en ont été dégoûtés par l’ennui et le conformisme des manuels scolaires. Quel bel adieu à celui de Georges-André Chevallaz, l’historiographe officiel à la mémoire lacunaire.
Avec Delaloye, on va de surprise en surprise. Et l’on trouve même des côtés cocasses dans ses révélations. Ainsi, par exemple, le Conseil fédéral craignait que Churchill, lors de son séjour en Suisse en 1946, ne prenne la parole en public! Il a fallu toute l’insistance de Max Petitpierre pour que le héros britannique puisse enflammer les foules. Les notes sur la fin du conflit et l’immédiat après-guerre sont particulièrement intéressantes: la Confédération a beaucoup tardé à rompre ses relations avec le Reich et à se réconcilier avec les vainqueurs que notre politique de neutralité souple avait mis de fort mauvaise humeur. On en apprend de belles aussi sur la disparition-très discrète-de trois grandes banques coupables d’avoir trop misé sur la victoire du nazisme.
Il y a bien d’autres découvertes à faire dans ces quarante-trois articles si agréables à lire. A toutes les époques. Sur la façon dont les Neuchâtelois réussirent à devenir Suisses… tout en restant Prussiens! Sur les déboires de Charles Pictet de Rochemont qui, à la chute de Napoléon, voulut faire un beau et grand canton de Genève et eut toutes les peines à obtenir des alliés-en 1816 seulement!-que la République s’étende jusqu’à Hermance. (…)
C’est un bel et digne exercice que d’explorer l’histoire… sans se raconter d’histoires.
Jacques Pilet, L’Hebdo no 5, 2 février 2006
Au fil des chroniques, l’auteur nous fait découvrir des pages méconnues de l’histoire suisse. Agréable et vulgarisé, ce livre se lit avec grand plaisir.
Aline Siffert, Payot Vevey, Sélection des meilleurs livres du printemps, L’Hebdo, printemps 2006
Journliste et historien, Gérard Delaloye allie depuis de nombreuses années ses deux professions pour enquêter sur les lacunes, les imprécisions et les omissions de l’histoire officielle de ce pays. Curieux et insolent, non seulement il sait explorer les bibliothèques et les archives, mais, en plus, ils sait mettre en perspective les découvertes qu’il y fait. Il collabore au Matin dimanche et à Largeur.com.
La suisse à contre-poil est un recueil d’articles et de chroniques parus dans le Nouveau Quotidien, Le Temps et L’Hebdo. La première partie est consacrée à la Suisse pendant la Deuxième Guerre mondiale, la seconde traite de la période qui va de la république helvétique à la Constitution de 1848 et la troisième met en lumière quelques belles impostures historiques. Bien documentés et-ce qui ne gâte rien-bien écrits, les récits de Gérard Delaloye se lisent avec délices et nous en apprennent plus sur ce pays que des années d’ânonnement scolaire.
Patrick Morier-Genoud, L’Illustré no 9, 1er mars 2006
La Suisse à contre-poil: Un recueil des chroniques de Gérard Delaloye
L’un des premiers journalistes suisses romands de notre époque à avoir perçu le besoin d’une présence régulière et fréquente de l’histoire dans les colonnes des journaux grand public a été Gérard Delaloye. Ce n’est guère étonnant puisqu’il est également historien de formation. Mais écrire l’histoire pour la presse ou l’écrire pour la science sont deux activités fort différentes dont Delaloye aura été l’inventeur d’une synthèse possible.
Ses premières chroniques historiques dans l’Hebdo portaient le joli titre « Le présent du passé ». Elles ont été suivies de ses éclairages dans Le Nouveau Quotidien puis dans Le Temps, et se poursuivent maintenant dans Le Matin Dimanche, sous un titre retourné, « Le passé du présent »
Puisant à cette source abondante, les Editions Antipodes viennent de réunir les analyses. éclairages ou chroniques concernant la Suisse écrites entre 1997 et 2003: des « miettes historiques » qui éclairent les années où s’est réécrite la mémoire du pays.
On n’en sait jamais assez sur ce qui nous a précédés et conditionnés. La Suisse à contre-poil de Delaloye comble les manques.
J.K., Le Temps, 4 avril 2006
Gérard Delaloye, historien indiscret
Chaque dimanche, Gérard Delaloye éclaire l’actualiré à la lumière de l’histoire, dans sa chronique « Le Passé du présent ». Un exercice dans lequel notre collaborateur excelle, comme le démontre le recueil d’articles publié récemment. En 1997, l’affaire des fonds juifs en déshérence lui inspire une série d’articles dans Le Nouveau Quotidien sur les petits secrets de la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale: disparition de banques compromises avec les nazis ou invitation de Churchill pour faire oublier l’or du IIIe Reich sont quelques-uns des lièvres qu’il soulève. En 1998, les commémorations hésitantes de 1848 et 1798 lui fournissent des sujets en or sur les albums de famille des cantons, pour Le Temps. En été 2003 enfin, il se fait un malin plaisir de débusquer quelques impostures hiostoriques qui pourtant sont à la base des mythes helvétiques.
Gérard Delaloye, revisiter l’histoire suisse modifie-t-il vraiment la perception collective que nous en avons?
Absolument pas. L’imaginaire reste gravé dans le granit. Ainsi, les Suisses ont toujoirs été neutres, et leur comportement fut irréprochable durant la guerre. Aucune étude ne balaiera les clichés de ce genre.
Où dénichez-vous les petites infos qui rendent vos chroniques si incisives?
Les archives des journaux. Pour ce qui y est écrit et surtout pour ce qui y est tu!
Quel accueil les historiens réservent-ils à vos articles?
Bien que mon approche ne soit pas académique, elle est respectée.
Le Salon du livre, pour ou contre?
Pour! Je ne suis pas un intello cul pincé. Ces grandes foires commerciales sont nécessaires.
I.R, Le Matin dimanche, 23 avril 2006