Journal d’alpage
Borin, Agathe,
ISBN:978-2-88901-257-2, 120 pages, 2024, 23€
Journal d’alpage, c’est le récit de Louise qui, le temps d’un été, se retire dans un alpage à la montagne.
Description
Le temps d’une saison d’été à l’alpage, une jeune femme découvre la vie en milieu rural, son rapport à la nature et à l’environnement, le travail rude et solitaire, mais aussi la nature, l’espace; une expérience dont on ressort changé.
La montagne, ce grand thème de notre patrimoine culturel suisse, est le lieu des doutes de Louise, jeune trentenaire en pleine crise existentielle. Prendre un peu de hauteur et vivre au rythmes de l’alpage l’amènera à repenser sa vie d’en bas.
Extrait des planches
©Agathe Borin
Presse
CHANGER DE VIE EN PASSANT
UNE SAISON À L’ALPAGE
Louise décide de passer un long été d’estivage à l’al- page avec son jeune fils et son compagnon. La jeune dessinatrice de Neuchâtel Agathe Borin signe avec Journal d’alpage sa première bande dessinée. Un régal pour les yeux et l’esprit. Un été, Louise décide de s’engager sur un alpage pour le passer à garder un troupeau de génisses en estivage. Durée de l’engagement: mai à octobre. Elle emmène avec elle son tout jeune fils Milo et son compagnon Maël. Jour après jour, il faut couper le bois, faire le feu – 45 minutes le premier jour, 20 minutes le deuxième –, marcher jusqu’à l’alpage du haut, compter les bêtes, s’assurer qu’elles ne soient pas malades, nettoyer les bassins, arracher les chardons, pré- parer le repas, s’occuper de la clôture cassée et du tuyau d’eau, s’accommoder de la solitude comme de la visite de ses parents. La nuit, les bruits inconnus l’empêchent de dormir, quand ce n’est pas l’inquiétude d’avoir oublié l’une des tâches du jour.
Agathe Borin, artiste tout juste trentenaire, diplômée en illustration et bande dessinée aux Arts appliqués à Genève ainsi qu’en sciences sociales à l’université, membre active du collectif La Bûche et de la Swiss Comics Association, mène actuellement divers projets artistiques et sociaux depuis Neuchâtel. Elle a notamment signé pour la Ville de Neuchâtel une belle série de 50 portraits de femmes qui ont marqué l’histoire de leur ville. Journal d’alpage est sa première bande dessinée. Inspirée de l’histoire d’un couple d’amis, remerciés en fin d’album, c’est un régal pour les yeux et l’esprit.
Ce joli récit dessiné, vif et poétique, rend à merveille l’envie de Louise de tenter de vivre «autrement», les doutes qui l’assaillent, la méfiance qu’elle rencontre. Car encore faut-il prouver aux yeux du gérant de l’alpage et de l’autre employé qu’une femme, qui plus est une jeune citadine en mal de grand air, en est capable. Et lorsqu’elle explique qu’en plaine il y a trop de bruit, trop de stress pour elle, même sa famille la regarde avec une certaine incompréhension. Quant à son compagnon Maël, moins convaincu, il la soutient et l’accompagne, mais redescend régulièrement au bureau ou à la maison. Les plus belles cases et pages sont celles qui illustrent la manière dont Louise apprivoise et renoue avec la nature, tout à la fois accueillante, merveilleuse et effrayante lorsque gronde le tonnerre et tombe la foudre et qu’au petit matin, elle se demande si les vaches sont saines et sauves. L’espace immense autour d’elle, l’aigle qui tournoie dans le ciel, les forêts sombres alentour, les fleurs sur l’herbe tendre et l’espace précieux que tout cela a créé en elle: voilà l’héritage d’une saison à l’alpage. Inspirant.
Article d’Isabelle Falconnier, Magazine Livre Suisse # 08 / AUTOMNE/HIVER 2024
La nature, une machine à rêves inépuisable
Éprouvant le besoin de faire une coupure avec la ville, Louise, forte d’un stage agricole, s’engage pour cinq mois à l’alpage, malgré sa peur des vaches. Son compagnon ne la rejoignant que le soir, la jeune femme assume seule le travail et la garde de leur fils encore petit. Chaque jour, elle fait l’apprentissage de tout ce qui l’entoure, au-dedans comme au-dehors; le lecteur partage ses doutes, ses peurs, ses progrès. De cette expérience, Louise ressort grandie et prête à redescendre en plaine. De cette expérience, elle garde aussi en elle la force de la nature, les bêtes et les paysages sans limites. En toute simplicité, ce roman graphique dresse un portrait délicat et subtil.
Katia Furter, Le Temps, 26 octobre 2024