Jeux et enjeux de mémoire à Gaza
Pirinoli, Christine,
2009, 383 pages, 25 €, ISBN:978-2-940146-95-6
A travers cette recherche, l’auteure montre comment la mémoire palestinienne a toujours été fortement configurée par ses usages politiques liés à la construction de l’identité nationale et aux revendications du peuple. Néanmoins, son instrumentalisation dans le cadre de la construction étatique risque de lui faire perdre son rôle unificateur et mobilisateur: de ciment de la communauté imaginée, cette mémoire devient progressivement l’alibi de politiques qui compartimentent la société. Elle n’est de ce fait plus capable d’exprimer l’identité collective ou les aspirations du peuple palestinien.
Cet ouvrage, par une analyse approfondie des discours mémoriels mis en relation avec l’actualité politique, donne une clé de compréhension des enjeux essentiels qui se sont joués entre d’une part les Palestiniens et les Israéliens au sujet de l’histoire, et d’autre part entre Autorité palestinienne et réfugiés, par rapport à leurs aspirations d’avenir respectives et à la manière de concevoir un éventuel État palestinien.
Description
1998 fut l’année de la commémoration du cinquantenaire de la Nakba, la « catastrophe » qui, en 1948, a engendré la perte de la terre et l’exil des Palestiniens. Cette commémoration s’est déroulée dans un contexte social et politique en pleine restructuration, du fait de la mise en place de l’Autorité palestinienne dans la perspective de la création d’un État.
Issu d’une enquête de terrain interrogeant à la fois la mémoire de réfugiés, les activités et discours officiels et la façon dont les institutions étatiques se mettent en place, cet ouvrage analyse les différents processus de reconfiguration de la mémoire collective et de l’identité nationale. Ce faisant, il met au jour les stratégies et les aspirations des uns et des autres, dévoilant par là les rapports de force et les enjeux de pouvoir entre ces différents acteurs qui luttent pour proposer une nouvelle version légitime de la mémoire palestinienne.
À travers cette recherche, l’auteure montre comment la mémoire palestinienne a toujours été fortement configurée par ses usages politiques liés à la construction de l’identité nationale et aux revendications du peuple. Néanmoins, son instrumentalisation dans le cadre de la construction étatique risque de lui faire perdre son rôle unificateur et mobilisateur: de ciment de la communauté imaginée, cette mémoire devient progressivement l’alibi de politiques qui compartimentent la société. Elle n’est de ce fait plus capable d’exprimer l’identité collective ou les aspirations du peuple palestinien.
Cet ouvrage, par une analyse approfondie des discours mémoriels mis en relation avec l’actualité politique, donne une clé de compréhension des enjeux essentiels qui se sont joués entre d’une part les Palestiniens et les Israéliens au sujet de l’histoire, et d’autre part entre Autorité palestinienne et réfugiés, par rapport à leurs aspirations d’avenir respectives et à la manière de concevoir un éventuel État palestinien.
Table des matières
1. Introduction
- Construction de l’objet: aspects théoriques, démarche et questions épistémologiques
2. Comment peut-on être Palestinien? La réponse des sciences humaines
- Des réfugiés comme objet anthropologique
- De la Palestine dans les sciences humaines
- Des réfugiés palestiniens dans les sciences sociales
3. L’anthropologie d’un village dérobé
- Le village comme lieu de mémoire
- Barbara comme objet anthropologique
- Barbara dans les « livres du souvenir »
- Sous Israël Barbara
- Une anthropologie sous contrainte du politique
- Les principaux indicateurs de la mémoire
- Construction de l’identité nationale et perspectives d’avenir
Des récits personnels aux récits nationalistes: construction de la mémoire en miroir
4. Les acteurs de la mémoire villageoise
- Jil al-Nakba: entre histoire et mémoire
- Jil al-Intifada: des récits aux revendications
- Al-‘Aydin: en quête de légitimité
5. Les récits de la mémoire villageoise
- La terre source de vie et de bonheur
- L’apparente absence de partage sexuel des tâches: « nous sommes comme les homme »
- Du paysan au réfugié: quelle identité aujourd’hui?
- De l’éloquence des silences de la mémoire
6. Le récit sioniste: « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre »
- La construction sioniste du passé
- De la Terre sainte à la Terre promise: la Palestine annulée
- 1948: Israël se superpose à la Palestine
- Arbre pour arbre!
- Le paysage à l’encontre de la paix
7. Le récit nationaliste palestinien: Une terre ancestrale pour un peuple de paysans
- Les prémices du nationalisme palestinien: construction de l’image du paysan romanticisé
- La Nakba: le paysan est mort, vive le paysan!
- Emblèmes ruraux et palestinité « authentique »: trajectoire et signification d’objets symboliques
Jeux et enjeux de mémoire: la construction de l’État et la rhétorique du passé
8. La commémoration du cinquantenaire de la Nakba: la mémoire omniprésente
- Le contexte social et politique dans la bande de Gaza: entre désillusions et révolution
- Le cinquantenaire de la Nakba: entre explosion mémorielle et recodification du passé
- La représentation des femmes dans les récits mémoriels de la commémoration
9. Construction de l’État et rhétorique de la tradition
- Mise en place et institutionnalisation du pouvoir
- Les élections au Conseil législatif
- Les institutions judiciaires et leurs pendants « traditionnels »
- Les associations villageoises comme courroie de transmission entre l’Etat et les citoyens
- Quel Etat pour quelle Palestine?
10. Conclusion
Presse
Dans la revue Anthropologie et Sociétés
L’ouvrage de Christine Pirinoli est inspiré de la thèse de doctorat pour laquelle elle a effectué un terrain de recherche de plusieurs mois à Gaza entre 1998 et 1999. L’Autorité palestinienne oeuvrait alors, à la suite du processus d’Oslo (1993), à l’instauration de son pouvoir en Cisjordanie et à Gaza, et les commémorations du 50e anniversaire de la Nakba battaient leur plein. Pour les Palestiniens, la Nakba signifie catastrophe: celle de 1948, celle de l’exil, de la perte de la terre et de l’éclatement de leur société. La recherche de C. Pirinoli s’inscrit dans une série d’études novatrices sur les mémoires palestiniennes qui sondent le lien organique et dynamique entre le temps et la mémoire, notamment par le biais des concepts de « tradition inventée » (Hobsbawn et Ranger 2006) et de « communauté imaginaire » (Anderson 1983).
Si l’anthropologue privilégie l’approche d’une mémoire considérée comme un processus absolument perméable et dynamique, continuellement réactualisé au gré des contextes, elle fraye aussi avec une autre approche, celle d’une mémoire sondée et restituée pour donner la parole à des marginaux. Précisément, elle veut comprendre les stratégies mémorielles de réfugiés palestiniens de Gaza à l’aune des enjeux de pouvoir propres aux commémorations de 1998. Elle a certes recours à l’analyse d’archives écrites et visuelles, et à des activités officielles pour cerner la rhétorique nationale et les dynamiques de sens qui se déploient. Mais son analyse s’ancre prioritairement dans un corpus d’entretiens formels et de moments d’observation participante avec des réfugiés et leurs descendants, tous originaires du même village détruit qui serait aujourd’hui situé en Israël: Barbara. Le village se révèle un étalon de mémoire essentiel qui permet l’analyse de récits qui seraient autrement trop hétérogènes. Notons que le mari de C. Pirinoli est un Barbaraoui. L’originalité de l’ouvrage réside dans le fait d’effectuer l’ethnologie de ce village détruit. En fait, elle aborde Barbara comme un lieu de mémoire, tel que thématisé par Pierre Nora, et ce, tout en campant sa recherche historiquement: elle recense notamment tous les ouvrages d’histoire sur le village de Barbara.
Sur un point au moins, l’hypothèse de recherche prend forme en « contre-pied » de la position de Maurice Halbwachs, lequel postule la préexistence nécessaire des cadres sociaux pour la formation des mémoires collectives. Elle se situe aussi dans la foulée de James Wertsch, qui affirme qu’un souvenir collectif constitue une assise suffisante pour la formation de communautés, notamment imaginaires. Dans le cas de figure palestinien, la mémoire de la Nakba a uni la communauté dispersée. Or, C. Pirinoli insiste fortement sur le potentiel destructeur du carcan imposé par l’Autorité palestinienne sur les mémoires de la Nakba en 1998; carcan qui s’ajoutait aux pressions israéliennes. En 1998, il s’agissait entre autres pour l’Autorité palestinienne d’imposer un récit national officiel de la Nakba, à l’exclusion d’expériences mémorielles palestiniennes jugées incompatibles avec les diktats politiques du temps. Tout au long de son texte, l’auteure veille à cerner les articulations entre les expériences individuelles et collectives, entre les échelles locales et transnationales. Elle tente de rendre 2 Compte rendu non thématique compte des jeux subtils de concurrence entre les acteurs palestiniens pour l’établissement d’une mémoire légitime de la Nakba. À ce titre, les expériences mémorielles féminines retiennent d’autant plus son attention que les femmes lui sont apparues comme les gardiennes désignées de la tradition. Sa recherche ne restitue pas une totalité ou une vérité quant à son terrain dans le sens d’un B. Malinowski, mais plutôt, dans l’esprit de Carol J. Greenhouse, elle offre un regard ethnologique sur les enjeux et les dynamiques du contexte de recherche. C. Pirinoli est consciente d’offrir un texte « entre » la réalité palestinienne et « sa » réalité vécue à Gaza en 1998. Lucidement, elle inscrit son étude dans la veine des Refugee Studies tout en déconstruisant
son objet de recherche, le « réfugié ». Son approche est multisituée: pour elle, le réfugié est un acteur social avant d’être une victime.
L’écriture ne rend jamais la texture de la réalité, et encore moins de la « réalité du temps passé ». Mais ce texte sobre agrémenté de quelques photos en noir et blanc, ce style clair, sans fard, nuancé et précis, nous mène avec humanité et honnêteté au coeur des ambivalences et des zones d’ombre d’un terrain de recherche difficile, mais aussi d’une mémoire palestinienne énergique et truffée de subtilités. Ce témoignage de C. Pirinoli revêt une importance cruciale au regard des ruines laissées par les tragédies qui ont récemment ébranlé la bande de Gaza.
Sophie Beaudoin, Anthropologie et Sociétés, vol. 34, 2010, pp. 1-2.
Références:
Anderson B., 2002 [1983], L’imaginaire national: réfl exions sur l’origine et l’essor du nationalisme, traduit de l’anglais par P.-E. Dauzat. Paris, Éditions La Découverte/Poche.
Hobsbawn E. et T. RANGER (dir.), 2006 [1983], L’invention de la tradition, traduit de l’anglais par C. Vivier. Paris, Éditions Amsterdam.
Les mémoires comme alibi
Ce livre est issu d’une enquête de terrain, d’entretiens avec des palestiniens et palestiniennes. Il interroge tout à la fois la mémoire des réfugié-e-s, les discours officiels et la mise en place des institutions étatiques. L’auteure analyse les processus de configuration de la mémoire collective et de l’identité nationale « Mémoire et identité forment donc une dialectique dynamique par laquelle elles se fécondent mutuellement. » L’étude englobe de nombreux thèmes qui ne sauraient être présentés dans une note.
Dans une première partie « Construction de l’objet: aspects théoriques, démarche et questions épistémologiques« , l’auteure nous rappelle que « les sciences sociales agissent sur les réalités sociales en contribuant à en construire le sens ».
Le terme de réfugié ne peut être neutre « tout ce passe comme si le statut juridique de réfugié effaçait toute autre identification possible – la perte de l’identité est d’ailleurs quasi systématiquement postulée comme connexe au déplacement – et comme s’il y avait désormais une identité de réfugié, dans le sens premier d’identique puisque les différentes populations concernées sont regroupées sous cette appellation englobante censée engendrer une communauté de destin, voire de culture ». En conséquence, ces « réfugiés » sont « doublement réduits au silence: en tant qu’acteurs, puisqu’ils sont déshistoricisés et paradoxalement dépolitisés, et tant que narrateurs, puisque leurs récits sont systématiquement tus ou disqualifiés au profit d’une expérience de réfugié uniformisée. »
L’auteure insiste, contre la construction médiatique de réfugiés ou pire de terroristes, sur les « acteurs historicisés, politisés, et surtout capables de s’approprier une réalité et d’en construire du sens même en situation d’implacable domination qui caractérise leur quotidien. »
Ce travail sur le sens derrière les mots sera poursuivit sur la Palestine comme globalité, puis dans l’analyse anthropologique d’un village dérobé.
Au centre de l’ouvrage: « Des récits personnels aux récits nationalistes: construction de la mémoire en miroir ».
Après avoir présenté « les acteurs de la mémoire villageoise » l’auteure analyse « les récits de la mémoire villageoise » en prenant en compte la question du genre. Elle n’oublie pas de traiter les silences (« la façon de considérer les relations avec les juifs, l’absence de narration à propos de la Nakba et du temps qui a suivi, enfin, l’impasse presque totale sur les aspects négatifs de la vie villageoise ou ceux considérés actuellement comme tels »). La construction mémorielle doit être analysée « comme une construction dynamique en étroite relation avec le présent de réfugiés, lequel est surdéterminé par le conflit avec Israël ». L’auteure souligne l’idéalisation du passé « ce dont on a été dépossédé garde un goût de paradis perdu », l’insistance sur « la terre possédée et cultivée ».
L’auteure détaille ses analyses autour de la « terre », « La mémoire de la terre est un outil pour produire du sens au quotidien et tenter de forger ce dernier à l’image du passé tel qu’il est perçu depuis ce présent. » Mais l’auteure nous indique que la centralité de la terre semble masquer toute division sexuelle du travail « une telle construction s’explique par la double domination masculine et nationaliste, qui contraint la mémoire collective » d’où « Les femmes sont le plus souvent perçues comme des présences, des soutiens ou des courroies de transmission de la culture et non comme des actrices nationalistes à part entière. »
Elle précise les trois notions clés dans la réalité et l’imaginaire ainsi (re)-construit « la terre, la femme et l’honneur, ce dernier étant lié à la possession des deux premières ».
En contrepoint, Christine Pirinoli décortique le récit sioniste « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » en expliquant la façon dont les sionistes ont reconstruit le passé, produit une historiographie quasiment hégémonique et « qui fait autorité au point d’exclure le récit historique palestinien ». A ce mythe fonctionnel, le récit nationaliste palestinien se borne trop souvent à « une terre ancestrale pour un peuple de paysans ».
Dans la troisième partie : « Jeux et enjeux de mémoire: la construction de l’État et la rhétorique du passé », les critiques de l’auteure sur la politique de l’autorité palestinienne, s’appuient non seulement sur ces analyses mais aussi sur le décryptage de la rhétorique de la tradition (en particulier par la place donnée aux femmes dans les commémorations mémorielles). « Les femmes, en revanche, sont chargées de reproduire cette mémoire non plus par rapport à leur participation au travail de la terre mais uniquement par rapport à la sphère domestique dont elles endossent ce rôle ‘traditionnel’ (mais partiel) valorisé dans le présent. »
Ce travail est plus que remarquable, intégrant, cela est si rare, le point de vue féministe dans l’analyse des réalités et des constructions mentales, insistant sur les contradictions et refusant de rendre lisse, sans rapport de classes ou de domination sexuelle, tant le passé que le présent. De nombreuses photos illustrent les propos.
Un ouvrage rare pour mieux comprendre la situation à Gaza.
« Je terminerai donc ce travail sur une note pessimiste tant il me semblait que le risque était considérable, en 1998, que la mémoire collective ainsi instrumentalisée ne permette plus à la communauté éparse de s’imaginer comme unie ni, la mémoire étant une ressource fondamentale pour l’action, de lutter pour le recouvrement des droits. »
Didier Epsztajn, Entre les lignes entre les mots, 24 mai 2000.
In Jeux et enjeux de la mémoire à Gaza, anthropologist Christine Pirinoli combines, on one hand, the examination of the ways in which three generations of Gazans remember-and forget-pre-1948 Palestine with, on the other hand, the investigation of how a modified version of that memory has been instrumentalize by the Palestinian Authority for the consolidation of a state bureaucracy. ( )
Well argued, richly documented, and finely written, Jeux et enjeux is of interest to students not only of the Palestinian-Israeli conflict, but also of the relations between memory, gender, and state construction.
Gustavo Barbosa, Journal of the Royal Anthropological Institute, 16, 905-951
Pour une version complète de l’article, se référer à l’éditeur de la revue.
Dans la revue Social Anthropology/Anthropologie Sociale
The events of 1948 referred to as the War of Independence by the State of Israel are remembered by Palestinians as the Nakba, the disaster that led to the flight and mass expulsion of about 90% of Palestinians from their lands and properties, and the destruction of hundreds of villages. After decades of Palestinian exile, the Middle East Peace Process provided a framework for the establishment of a Palestinian state in the West Bank and Gaza, excluding the majority of Palestinians from the state-building process. In that context, the 50th anniversary of the Nakba triggered confrontation between competing narratives on Palestinian past.
The book under review explores various processes of memory construction in 1998 among Gazawis originating from Barbara, a Palestinian village destroyed by Israel in 1948, and Palestinian institutions. Pirinoli argues that the Palestinian Authority’s instrumentalisation of memory challenges its unifying function. In order to validate her argument, she draws on Halbwachs’ notion of collective memory and examines Barbarawi narratives of the past, the Palestinian official national rhetoric and institutions of the new state. Yet a thorough examination of the social processes involved in collective remembering is lacking. The way the central theme of the book is dealt with is also problematic. Defined in a footnote as « the war of 1948 and the official beginning of Palestinian exile » (p.14), the significance of the Nakba for the understanding of Palestinian collective memory is overlooked. This problem seems partly due to Pirinoli’s hazy epistemological posture outlined in sketchy discussions on identity, mobility and intersubjectivity. Especially, her attempt to represent her interlocutors’ point of view leads to confusion between anthropological truth and emic representations of truth. Reproducing Barbarawi narrative structure opposing before and after the Nakba but never reflecting on the catastrophe itself, Pirinoli only refers to the Nakba as a temporal marker.
Part One addresses the links between Palestinians’ constructions of memory and Zionist dominant rhetoric. Drawing on mainstream scholarship on Palestine, Pirinoli seeks to demonstrate how the presence of Palestinians has been depoliticised and erased from history. While she ambiguously claims at the outset of her research that she « partially considered » her « interlocutors’ narratives as oral archives » (p.11), she omits a discussion on academic and grassroots extensive use of oral history in the construction of a subaltern Palestinian history (see the works of Nazzal, Sayigh, Kanaana, Swedenburg and Masalha).
Part Two analyses factors structuring Barbarawis’ interviews: a romanticised vision of the past, competitiveness with the Zionist narrative, social norms and present priorities. Pirinoli then reviews literature on the Zionist rhetoric of « a land without people » and Palestinian representations of nationhood since the confrontation with the Zionist project. Surprisingly enough, the conditions of the exodus and the nature of the Nakba are ignored. Pirinoli fails to address the centrality of the Nakba in the conflict in relation to the failure of Israel to acknowledge the uprooting and dispossession of Palestinians from their lands in 1948. Also surprising is the author’s emphasis on Israeli forestation programmes, while little is said about policies of transfer, colonisation and dispossession implemented since the Nakba to remove Palestinians from their lands. Yet, the analysis of Palestinian counter-narratives would have gained in clarity if considered in light of the history of dispossession and its current forms.
Part Three deals with the 1998 commemoration. Drawing on the description of official sponsorship and private initiatives, Pirinoli analyses how the PA worked towards the construction of a coherent narrative based on remembrance of the land and political redemption through state-building, partly opposed by private narratives of memory. Describing political institutions claimed as traditional by the PA, Pirinoli finally examines how the official rhetoric of tradition contributes to legitimise the centralisation of power and the patrimonialisation of society.
This volume, although not innovative in its approach to memory, provides an insight into how the prospect of a future state has impacted on the Palestinian conception of memory. However, Pirinoli’s outline of already well-documented topics in the field of Palestine studies (e.g. Palestinian nationalism, Zionism), mainly based on the use of secondary sources, compromises the originality of her contribution. Finally, her interpretation of the fragmentation of Palestinians in terms of an opposition to an official rhetoric seems oversimplified. Rather, Palestinian political elites face a legitimacy crisis involving the complex interplay of internal and external political and economical factors. Far from being weakened, the memory of the Nakba and pre-1948 Palestine has been re-invigorated ever since the Oslo Agreements. Grassroots activism has flourished globally outside the control of the PA, particularly in relation to the right of return. Acknowledging these recent political developments would have added more strength to this research.
Stéphanie Loddo, Social Anthropology/Anthropologie Sociale, Vol. 19-2 (May 2011), pp.228-229