Grammaire de la phénoménologie
Aenishanslin, Jean-François,
2012, 365 pages, 29 €, ISBN:978-2-88901-060-8
En prenant comme fil conducteur la question de la grammaire telle qu’elle est problématisée tout au long de l’histoire de la philosophie, cet ouvrage pose la question fondamentale de la possibilité du sens et de la vérité. La première partie porte sur la manière dont la philosophie moderne a thématisé le rapport entre le langage et la pensée depuis Descartes. La seconde partie est centrée quant à elle sur la « grammaire pure » esquissée par Husserl. En montrant qu’elle résume et poursuit les tentatives précédentes de grammaire philosophique, mais aussi comment elle s’articule aux recherches des philosophes et des logiciens du début du XXe siècle, l’auteur souligne son importance pour comprendre la situation contemporaine de la philosophie.
S’il s’adresse avant tout aux étudiants et aux chercheurs en philosophie, ce livre se destine aussi, en raison de l’ampleur de son champ d’investigation, au public plus large qui s’intéresserait à l’histoire de l’interprétation du langage.
Description
Selon Heidegger, la phénoménologie ne serait pas une école de pensée ni un mouvement philosophique, mais la pure possibilité de « répondre en son temps à ce qui est à penser ». Pourquoi s’occuperait-on dès lors de l’histoire des diverses doctrines qui en revendiquent le titre?
Mais peut-on parler de « la » phénoménologie? Plutôt que de présupposer une telle identité, on s’attache ici à une reconstruction possible de l’homonymie des phénoménologies, en prêtant attention à l’incessant remaniement de la logique qu’elles opèrent en relation avec la question du langage. Ce qui se trame alors sous le double nom de « phénoménologie » et de « grammaire », c’est l’histoire d’un motif qui, de Lambert à Husserl en passant par Kant, Hegel et Brentano, hante la philosophie moderne jusque dans ses « déconstructions ».
S’ouvre ainsi la possibilité d’une lecture de la Recherche que Husserl consacre à « l’idée de grammaire pure logique », attentive à la synonymie des diverses grammaires philosophiques qui traversent l’histoire. On suit alors un chemin indiqué par Platon et Aristote, qui conduit des Alexandrins à Frege, des grammaires spéculatives à Peirce, de Port-Royal à Russell. Non que la question grammaticale ait le même sens, se réfère à la même chose, prétende à la même vérité dans chacune de ces formes de pensée, mais parce que la question de la grammaire renvoie toujours à cette autre: à quelles conditions le sens, la référence et la vérité sont-ils possibles?
Table des matières
I. Homonymies
- Introduction. La fiction et le paléonyme
- 1. La prime phénoménologie
- 2. Phénoménologie, métaphysique, criticisme
- 3. D’une phénoménologie de l’esprit l’autre
- 4. Une phénoménologie descriptive
- Conclusion. La fable et l’analogie
II. Synonymies
- Introduction. L’accord grammatical
- 1. Le vêtement linguistique
- 2. La signification et l’objet
- 3. Grammaire, logique, psychologie
- 4. L’armature et le modèle
- 5. La décomposition du sens
- 6. Le réseau des dépendances
- 7. La syntaxe de l’intentionnalité
- 8. Citation et supposition
- Conclusion. L’impossible mathèse