100 femmes qui ont fait Lausanne
Dans les pas des pionnières
Becquelin, Hélène, Ouvrage collectif,
ISBN: 978-2-88901-195-7, 158 pages, 22€, 2021
Cet ouvrage raconte 100 destins de Lausannoises hors du commun, inspirantes et marquantes. Chacune de ces femmes est une héroïne !
Illustré par Hélène Becquelin, il s’appuie sur des recherches historiques solides et s’adresse à un vaste public en proposant une réflexion autour de la place des femmes dans l’histoire, dans la société et au sein de l’espace public.
Description
Savez-vous qu’Henriette d’Angeville, première femme à avoir organisé son expédition au sommet du Mont-Blanc, a vécu à Lausanne ? Que la meilleure tenniswoman suisse de tous les temps avant l’arrivée de Martina Hingis, Lolette Payot, a grandi à Montchoisi ? Que l’herbier de Rosalie de Constant sert encore de référence dans l’histoire de la flore ? Que c’est une Lausannoise, Valérie de Gasparin Boissier, qui ouvre la première école laïque d’infirmières du monde ? Cette publication retrace de manière inédite la vie de cent femmes qui ont marqué de leur empreinte la ville de Lausanne de l’an mille au XXe siècle. Elles sont artistes, militantes, scientifiques, politiciennes, sportives, philanthropes ou pédagogues. Le destin de ces héroïnes de l’ombre, pionnières aux talents souvent méconnus, fait écho aux débats actuels sur la place des femmes et leur reconnaissance par la société. 100 femmes qui ont fait Lausanne illustre la nécessité de valoriser un récit oublié par l’histoire officielle écrite par les hommes.
Initiée par la Ville de Lausanne, cette publication permet de retracer les interdits, représentations stéréotypées et obstacles auxquels ces personnalités, souvent pionnières dans leur discipline, se sont heurtées du fait de leur genre. Des discriminations qui ont pris plusieurs formes, de l’interdiction d’accéder à certaines filiales universitaires à l’absence de soutien de l’entourage, des formes d’art ou de littérature interdites aux femmes aux longues batailles pour acquérir l’obtention du droit de vote.
Les dessins de l’artiste lausannoise Hélène Becquelin illustrent avec poésie, impertinence et légèreté ces cent destins hors-du-commun et font de 100 femmes qui ont fait Lausanne un ouvrage grand public aussi instructif qu’inspirant.
Hélène Becquelin est graphiste, illustratrice et dessinatrice de bande dessinée. Elle suit des études aux Beaux-Arts de Lausanne où elle s’installe en 1989. En 2006, elle créé son blog, Angry Mum, qui fera l’objet de deux albums publiés chez Glénat à partir de 2010. Elle a publié chez Antipodes deux tomes de Adieu les enfants et tout récemment 1979.
Joëlle Moret, déléguée à l’égalité et à la diversité de la Ville de Lausanne, a dirigé l’ouvrage aux côtés d’un groupe de travail composé de Simon Affolter, Morgane Arrayet et Amélie Nappey-Barrail.
Journaliste et déléguée à la politique du livre de la Ville de Lausanne, Isabelle Falconnier a signé les textes.
Corinne Dallera et Ariane Devanthéry, historiennes, ont assuré la documentation historique.
L’ouvrage est préfacé par Grégoire Junod, syndic de Lausanne, et Florence Germond, conseillère municipale en charge des questions d’égalité.
La maquette du livre a été réalisée par l’agence de graphisme : lesbandits.ch
Table des matières
Préface
Quelques éléments de contexte
1. LUTTES MILITANTES ET ENGAGEMENT SOCIAL
Élisa Serment
Antonie Girardet-Vielle
Madeleine Secretan-Rollier
Mary Widmer-Curtat
Violette Taillens Bärenstecher
Lucy Dutoit
Emma Rod-Ducloux
Antoinette Quinche
Marie-Christine, Mikhaïlo Söderhjelm
Madeleine Moret
Julia Schnetzler Vincent
Hélène Monastier
2. RÉGNER, LÉGIFÉRER, DIRIGER
Adélaïde de Bourgogne
Annie Dutoit Ehninger
Françoise Champoud de Montmollin
Marguerite Narbel
Liliane Bergier
Charlotte Muret-Haët
3. ÉDUCATION ET INSTITUTIONS SOCIALES
Valérie de Gasparin Boissier
Julie Hofmann
Anne-Marie de Molin-Huber
Jenny Enning Cavin
Herminie et Cornélie Chavannes
Alice Curchod Pidoux
Jeanne Paschoud
Renée Delafontaine
Sophie Godet
4. SCIENCES ET ACADÉMIE
Élisabeth Vicat de Curtas
Rosalie Constant de Rebecque
Catherine de Rumine Schakhovskoï
Alice Schnorf-Steiner
Suzanne Meylan
Cécile Biéler-Butticaz
Claire Rubattel
Antoinette Virieux-Reymond
Erna Hamburger
5. SANTÉ DU CORPS ET DE L’ESPRIT
Élisabeth de Cerjat
Suzanne Necker Curchod
Emma Monneron-Tissot
Charlotte Olivier von Mayer
Enrique (Henriette) Favez
Anna Bégoune
Marie Feyler
Catherine Kousmine
Andrée Antonioli-Rouiller
Madeleine Rambert
Germaine Guex
Nanon de Rham
6. AVENTURE ET SPORT
Henriette d’Angeville
Lolette Payot
Maria Belgia de Portugal
7. DANSE ET MUSIQUE EN SCÈNE
Édith Burger
Else de Gerzabek
Mathilde de Ribaupierre
Denise Letourneur
Jane Savigny
Denise Bidal
Mara Dousse
Jacqueline Farelly
Élvire Braunschweig-Kremis
Asa Lanova
8. PHOTOGRAPHIE, CINÉMA ET MODE
Henriette Grindat
Gertrude Fehr Fuld
Suzi Pilet
Germaine Martin Odot
Coco Chanel
Capucine
Lucienne Schnegg
Gisèle Ansorge Dietrich
Jacqueline Veuve
9. PEINDRE ET SCULPTER LE MONDE
Lélo Fiaux
Nora Gross
Alice Bailly
Violette Diserens
Aloïse Corbaz dite Aloïse
Ilse Voigt
Louise Polier de Corcelles Saussure de Bercher
Germaine Ernst
10. L’ODYSSÉE DE LA LITTÉRATURE
Étiennette Clavel de Brenles Chavannes
Catherine de Charrière de Sévery Chandieu
Isabelle de Montolieu Polier de Crousaz
Anne Perrier
Catherine Colomb
Alice Rivaz
Anne Cuneo
Caroline Olivier Ruchet
Marie Blaquière Cazenove Rapin de Thoyras
Angélique de Charrière Saussure de Bavois
Germaine de Staël Necker
11. SUR LES ONDES ET DANS LA PRESSE
Élisabeth-Marianne de Polier, dite la Chanoinesse
Marie-Claude Leburgue
Suzanne Bonard
Françoise Giroud
Huguette Chausson
Suzanne Delacoste
12. AU NOM DE LA RELIGION
Jaquette de Clause
Lydia von Auw
Marie-Éléonore d’Olcah
Mère Sofia
ANONYMES, INVISIBLES ET OUBLIÉES
Index alphabétique
Index chronologique
Bibliographie
Presse
Article de Nathalie Dassa dans la Revue Choisir
Cent destins de pionnières, lausannoises de naissance, de cœur ou de passage, aussi bien connues qu’inconnues ou oubliées, sont retracés dans un ouvrage collectif joliment illustré. Une brillante idée doublée d’une savante recherche qui invite à se décliner pour chaque ville suisse, et même au-delà. Des portraits instructifs et inspirants, alliés à une écriture claire, simple et fluide, qui sondent les obstacles que ces femmes ont dû battre en brèche selon les époques.
Le plus prégnant dans cet ouvrage, c’est l’universalité de son propos. Bien qu’il s’agisse de Lausanne, l’analyse, l’approche et le travail historique de recherche concernent avant tout les femmes. Un état des lieux édifiant qui s’étend du Moyen Âge à nos jours. C’est donc avec intérêt et curiosité qu’on découvre celles qui ont fait cette ville, sise dans le canton de Vaud. Sur plus de 150 pages, scindées en douze chapitres sectoriels, militantes, scientifiques, actrices, photographes, peintres, écrivaines, sportives, infirmières, journalistes, philanthropes ou pédagogues sont ainsi vent debout contre les diktats et la bienséance patriarcale. Aujourd’hui, certain·e·s pensent encore que les époques définissent plus facilement les actes. Ces pionnières prouvent le contraire, trouvant le courage d’être ce qu’elles sont et de devenir ce qu’elles aspirent dans des contextes autrement plus impossibles qu’au XXIe siècle.
Portraits choisis
À travers ces cent parcours individuels, il fallait bien une écriture collective pour rendre compte des débats actuels sur la représentation, la place et la reconnaissance des femmes dans l’histoire, la société et l’espace public. La touche appréciable de cet ouvrage, initié par la Ville de Lausanne, c’est aussi son accessibilité par sa forme illustrée, conçue par Hélène Becquelin, graphiste, illustratrice et dessinatrice de bande dessinée. Les dessins ponctuant les textes donnent non seulement du rythme et de la couleur, mais surtout un attrait ludique et poétique à l’ensemble.
Dans le champ de la sélection, certaines personnalités restent notables. À l’exemple de la romancière Alice Rivaz (1901-1998), née à Rovray, qui a souvent écrit pour dénoncer ces hommes confondant «obéissance et amour» au sein du foyer. Son roman La paix des ruches vient ainsi en amorce du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir et des romans féministes de Benoîte Groult. Mais aussi de la peintre Alice Bailly (1872-1938), née à Genève et installée à Lausanne, qui a coorganisé la première exposition cubiste en Suisse, et de l’artiste emblématique Aloïse Corbaz (1886-1964), exposée au musée de l’Art brut. Ou encore ailleurs de Marie-Claude Leburgue (1928-1999), premier reporter femme à la radio pour son émission «Réalités» dédiée aux mouvements féministes.
Plus loin, deux icônes se démarquent par leur évidence: Coco Chanel, décédée à Paris mais enterrée au cimetière du Bois-de-Vaux à Lausanne après y avoir vécu entre 1945 et 1954, puis dès 1966, et Françoise Giroud, journaliste, écrivaine et ministre de la culture française, qui a vu le jour à Lausanne, même si elle a souvent revendiqué être née à Genève. Elle s’est néanmoins très vite installée à Paris pour y co-fonder le magazine L’Express.
Faire fi des conventions
L’équipe derrière ce recueil (Joëlle Moret, Simon Affolter, Morgane Arrayet, Amélie Nappey-Barrail, Isabelle Falconnier, Corinne Dallera et Ariane Devanthéry) met ainsi brillamment en lumière ces figures féminines passées sous le rouleau compresseur de l’invisibilité et de la mise au ban. Si la Suisse a tardé à octroyer le droit de vote aux femmes sur le plan fédéral, au regard d’autres pays, certains portraits donnent consistance à ces militantes politiques et sociales de la première heure. Dans le secteur de la santé, il est intéressant d’apprendre que l’Hôpital Necker à Paris a été fondé par la Lausannoise Suzanne Curchod (1737-1794), mère de Madame de Staël et épouse de Jacques Necker, ministre des finances de Louis XVI.
Place est faite bien sûr à celles qui ont ouvert la voie de l’Alma Mater alors seulement accessible aux hommes. À l’image d’Antoinette Quinche (1896-1979), première avocate des femmes, parvenue à entrer en pionnière au Collège classique cantonal grâce à son père exigeant de voir le règlement (inexistant) qui stipulait l’interdiction des cours aux filles. De son côté, Alice Curchod Pidoux (1907-1971), née dans un milieu modeste, montre les facultés des femmes à savoir tout entreprendre seules, en multipliant plusieurs taches en même temps. Elle a écrit des romans pour la jeunesse, tout en créant une école d’assistantes sociales et sa maison d’édition.
Les sportives ne sont pas en reste. Lolette Payot (1911-1988), née à Montchoisi, a été la meilleure joueuse de tennis avant l’arrivée de Martina Hingis, tandis que la Franco-suisse Henriette d’Angeville (1794-1871) fut la première alpiniste au sommet du Mont-Blanc. De même pour le septième art, avec la Française Capucine (1928-1990), qui a vécu trente ans à Lausanne. Si cette icône d’Hollywood oubliée a joué devant la caméra de Fellini, Cukor et Mankiewicz, elle fut notamment l’amie d’Audrey Hepburn, établie elle-même à Tolochenaz dans le canton de Vaud.
Mise au point
Au fil des pages, l’analyse brille par son actualité sous le prisme d’autres destins saisissants, comme celui d’Enrique (Henriette) Favez (1791-1856) via sa lutte sur l’identité de genre, passant d’Henriette la Lausannoise à Enrique le chirurgien à Cuba. Et de Claire Rubattel (1933-2012), politologue et docteure en sociologie. La Lausannoise fut la première à créer les «études de genre» après avoir été refusée à un poste de professeure à l’Université de Neuchâtel en raison de son sexe. Pour autant, pas d’hommage digne de ce nom sans mentionner nos «Sorcières». Car après tout, sommes-nous vraiment sorties de Salem? Jaquette de Clause (XVe siècle) est ainsi la première Sorcière lausannoise accusée par une société alors méfiante des femmes aux statuts civils irréguliers. L’ouvrage se clôt en rendant grâce à toutes les anonymes.
De longues batailles donc, contre les interdits, les stéréotypes et les discriminations, pour non seulement acquérir droits et libertés, mais aussi continuer à les maintenir aujourd’hui. Ainsi, sous l’impulsion de la municipalité de Lausanne et des éditions Antipodes, une part de justice est rendue ici pour ne plus laisser écrire l’histoire officielle par des hommes qui préfèrent oublier et effacer ce qui constitue le monde dans son entièreté.
Nathalie Dassa, Revue Choisir, 21 février 2022
Compte-rendu dans la Revue historique vaudoise 129/2021
Elles ont toutes un point commun. Comme l’expliquent dans leur préface Florence Germond, municipale, et Grégoire Junod, syndic « les cent femmes de l’ouvrage sont nées à Lausanne, y ont vécu ou l’ont fait rayonner dans le monde». Car ce volume se veut un hommage que la Municipalité du chef-lieu vaudois rend « à toutes les femmes restées dans l’ombre de l’histoire […], qu’elles soient ouvrières, migrantes, paysannes ou simplement anonymes et dont la contribution à notre société n’a jamais été reconnue à sa juste valeur. »
De ce constat sont nés cent portraits de femmes aux destins peu ordinaires et aux parcours divers. Des chemins de vie qui commencent en l’an mille avec Adélaïde de Bourgogne, mère des royaumes, sainte et impératrice, pour se terminer en 2020 au décès de Jacqueline Farally, maîtresse de ballet du « Municipal ». Si certains noms nous sont familiers, d’autres le sont beaucoup moins. Et certains regretteront que quelques personnalités de ces dernières décennies n’y figurent pas, car encore en vie au moment de la parution de cet ouvrage. Un choix volontaire.
Plus surprenant parfois, lorsque le lien entre Lausanne et certaines personnalités illustres ne s’impose pas tout de suite, comme pour Germaine de Staël ou Françoise Giroud dont la seule attache avec la capitale fut d’y être née, même si elle prétendait avoir vu le jour dans la — peut-être — plus prestigieuse ville de Genève.
L’écriture de l’ouvrage est fluide et l’on se plaît à parcourir les pages illustrées par Hélène Becquelin, en survolant les douze domaines choisis, du destin de femmes dont l’action a été favorisée par leur naissance et leur fortune — tel Catherine de Charrière — à de personnes aux origines et revenus bien plus modestes comme Aloïse Corbaz ou Anne Cunéo.
Les biographies font la part belle aux militantes de la première heure, femmes engagées dans le domaine social, politique et éducatif. Mais les historiennes du volume n’ont pas oublié les arts, la science, le sport ou encore la religion, mettant en lumière de belles et charismatiques personnalités.
Un bel hommage à toutes ces héroïnes que la société a longtemps placées dans l’ombre des hommes. Et s’il ne fallait en choisir qu’une seule en guise de conclusion, je retiendrais le destin d’Enrique (Henriette) Favez, qui symbolise à mes yeux le débat très actuel de l’identité de genre, un pas de plus vers l’égalité des sexes.
Sylviane Klein
Où sont les femmes?
Le chanteur Patrick Juvet se posait déjà cette question dans son tube planétaire. L’ouvrage collectif « 100 femmes qui ont fait Lausanne » dans les pas des pionnières» paru aux Editions Antipodes vient apporter une réponse plus pertinente que celle du chanteur disco en dé-voilant le parcours de ces femmes qui ont su s’imposer et briser les barrières, les pré-jugés et les carcans qui tentaient de les maintenir à leur place, essentiellement celle de la sphère privée et familiale. Le fait est que nos manuels scolaires ont encore tendance à ne réserver qu’une portion congrue aux rôles joués par les femmes, ne les mentionnant souvent que dans des rôles de victimes, notamment lors des épisodes de chasse aux sorcières à l’époque moderne, ou en les rendant invisibles lors-que l’accent est exagérément mis sur les épisodes politiques de notre histoire au détriment des aspects culturels ou sociaux. On sait que la Suisse n’a pas brillé par sa rapidité pour leur octroyer le droit de vote sur le plan fédéral. Dans l’espace public et la mémoire de nos villes, elles sont encore nettement moins nombreuses à se voir honorées en donnant leur nom à des mes. Cet ouvrage démontre très clairement que nombreuses sont les femmes à avoir su faire entendre leur voix et obtenir des droits qui leur furent longtemps refusés. Il remet notamment à l’honneur les figures de proue du mouvement féministe et de celles qui militèrent activement pour le droit de vote des femmes. On y découvre par exemple le parcours de l’avocate Antoinette Quinche (1896-1970), qui réussit à être la première élève à suivre les cours du Collège classique cantonal, grâce à l’obstination de son père qui exigea de voir le règlement qui en interdisait l’accès aux filles. Règlement qui n’existait pas! Elle sera aussi l’une des premières Vaudoises à décrocher un doctorat en droit à l’Université de Lausanne. Dès lors, elle ne cessera de s’engager en faveur du droit de vote des femmes. Et c’est aussi et surtout grâce à son opiniâtreté que le can-ton de Vaud sera le premier de Suisse à leur accorder le droit de vote.
Le parcours de Julie Hoffmann (1867-1960) dévoile aussi le dévouement de certaines femmes quand il s’agit de secourir les per-sonnes vulnérables. En 1899, elle crée une structure pour héberger deux enfants at-teints de maladie chronique. Au fil des ans, son œuvre charitable se développe, malgré des oppositions de la part des autorités. Quand elle s’établit dans le quartier de Chailly, on lui enjoint de poser une clôture pour que les passants ne puissent pas apercevoir les personnes handicapées. Si certaines ont beaucoup donné de leur temps et de leur énergie pour défendre leurs causes, d’autres ont témoigné d’une grande générosité à l’instar de la boulangère Jenny Enning Cavin (1810-1880), qui lègue à sa mort une partie de sa fo1tune à des œuvres philanthropiques et à la commune de Lausanne, qui utilisera ces fonds pour la création de plusieurs établissements scolaires. La ville de Lausanne saura reconnaître cette générosité en inaugurant une me «Jenny-Enning» en 1891. Ce livre démontre de fort belle manière que les femmes n’ont cessé de prendre d s initiatives, de créer, de militer, de s’engager pour faire évoluer la société et les mentalités, même s’il reste encore de nombreux bastions à investir et des plafonds de verre à démolir. Les nouvelles générations ont tout intérêt à découvrir ou redécouvrir ces pionnières au parcours si stimulant.
C’est parfois en s’inspirant du passé qu’on prépare un avenir plus juste.
Article de Nicolas Quinche, Journal La Côte
100 FEMMES QUI ONT FAIT LAUSANNE
Alors que la Suisse célèbre les 50 ans du vote féminin, cet ouvrage honore des femmes pionnières, méconnues pour la plupart. Lausannoises de naissance ou de coeur, elles ont oeuvré dans tous les domaines, arts, sciences, littérature, sport, santé, éducation, engagement social ou politique. De courts textes brossent le portrait d’une pléiade de femmes au caractère bien trempé qui, de l’impératrice Adélaïde de Bourgogne (Xe siècle) jusqu’à la cinéaste Jacqueline Veuve ou la poétesse Anne Perrier (disparues récemment), en passant par quelques célébrités (Henriette d’Angeville, Germaine de Staël, Aloïse, Coco Chanel), ont contribué à l’histoire de Lausanne, voire de la Suisse. Un choix difficile qui mériterait d’être élargi à bien d’autres figures de l’ombre, rappellent celles qui ont traqué ces femmes dans les archives.
DOMINIQUE VULLIAMY, Revue l’Alpe n°94, septembre 2021
100 destins de femmes à Lausanne
Un livre rend hommage à des aventurières, des politiciennes, des artistes, des scientifiques ou encore des militantes qui ont marqué l’histoire lausannoise de leur présence
Cent femmes qui ont fait Lausanne retrace le parcours d’aventurières, de politiciennes, d’artistes, de scientifiques, de militantes, de sportives qui ont marqué de leur empreinte la région et au-delà. Certaines sont nées et ont grandi dans la capitale vaudoise, d’autres sont venues y trouver refuge. Ce livre, publié en mars, rend hommage à ces natives et à ces immigrées, toutes décédées, dont les œuvres sont souvent restées méconnues et qui ont dû faire face à de nombreuses discriminations. L’ouvrage a été dirigé par la déléguée à l’égalité et à la diversité de la Ville de Lausanne, Joëlle Moret, illustré par Hélène Becquelin, rédigé par Isabelle Falconnier et documenté par les historiennes Corinne Dallera et Ariane Devanthéry, avec le soutien d’un comité d’expertes. Les archives permettent de remonter à la «sorcière» Jaquette de Clause dont le procès se déroule en 1469. Elle sera condamnée à «la torture jusqu’à ce que la vérité sorte de sa bouche». Mais l’histoire ne nous dit pas si elle a connu le bûcher comme tant d’autres femmes marginalisées et criminalisées. Au 18e siècle, on retrouve nombre de bourgeoises qui organisaient des salons. Isabelle de Montolieu Polier de Crousaz est l’une d’elles. Elle écrira de surcroît des bestsellers et traduira de nombreux livres. Dans les femmes dont les noms résonnent peut-être davantage, citons Aloïse Corbaz, exposée au musée de l’Art brut, la peintre Alice Bailly, la cinéaste Jacqueline Veuve et Lucienne Schnegg, la dame du cinéma Capitole. Il y a aussi l’accordéoniste Denise Letourneur dont la vie sera racontée par Anne Cuneo, l’orpheline italienne, également présente dans l’ouvrage. La Jurassienne Edith Burger a aussi sa place dans ce livre, et bientôt sa rue à Lausanne, en tant que partenaire scénique du Vaudois Jean Villard-Gilles. Un duo devenu fameux en Suisse et en France pendant la Seconde Guerre mondiale.
LES PREMIÈRES FEMMES À…
La publication recense également de nombreuses pionnières: la première reporter femme à Radio Lausanne, Marie-Claude Leburgue qui donnera la parole aux mouvements féministes dès 1963; la première pasteure, Lydia von Auw, en 1935; la première alpiniste au sommet du Mont-Blanc en 1838, Henriette d’Angeville; la première Vaudoise à obtenir son diplôme de médecine à l’Université de Lausanne en 1901, Marie Feyler; la première professeure de l’EPFL en 1968, Erna Hamburger; ou encore la première municipale en 1981, Françoise Champoud de Montmollin. Autant de jalons dans le temps qui démontrent, une fois de plus, la lutte constante des femmes pour atteindre l’égalité des chances. Antoinette Quinche, l’avocate des femmes, est l’une de ces militantes infatigables dont l’ouvrage résume la vie.
Ce livre fait ainsi écho aux débats actuels sur la place des femmes dans notre société. La Municipalité espère qu’à l’avenir, certains noms de cette publication se retrouvent sur une plaque de rue ou de place. Quant aux historiennes, elles rendent hommage, dans leur postface, à toutes les anonymes, les employées domestiques, les ouvrières, les paysannes qui ont œuvré dans l’ombre. Et continuent de le faire.
Aline Andrey, L’événement syndical, 21 juillet 2021
100 femmes qui ont fait Lausanne
Pour la première fois, un ouvrage grand public rend justice à 100 femmes qui ont marqué de leur empreinte la ville de Lausanne. Illustré par la dessinatrice Hélène Becquelin, il s’appuie sur des recherches historiques solides et s’adresse à un vaste public.
Elles se prénomment Françoise, Alice, Claire, Germaine, Elisabeth, Elvire, Henriette ou encore Jacqueline, pour ne citer qu’elles. Elles proviennent de tous les milieux sociaux et sont artistes, militantes, scientifiques, politiciennes, sportives ou encore pédagogues. De l’An 1000 de notre ère, jusqu’à aujourd’hui, elles ont marqué de leur empreinte le développement de la ville de Lausanne. Le destin de 100 d’entre elles est aujourd’hui raconté dans un livre, «100 femmes qui ont fait Lausanne». Cet ouvrage est à la base un projet de la Ville, doublé d’un travail de groupe. Il a été illustré par l’artiste lausannoise Hélène Becquelin. Les historiennes Ariane Devanthéry, gardienne du patrimoine de l’État de Vaud, et Corinne Dallera à qui ont doit notamment un autre ouvrage «Du salon à l’usine: vingt portrait de femmes. Un autre regard sur l’histoire du canton de Vaud » ont travaillé sur sa documentation. Isabelle Falconnier, déléguée à la politique du livre de la Ville, a contribué à sa rédaction, le tout sous la houlette de Joëlle Moret, déléguée à l’égalité de la Ville.
Des destins hors du commun
Cette publication, composée de textes courts, «tous publics», très instructifs, permet de remonter le temps et de retracer les interdits, les stéréotypes et les obstacles auxquels ces personnalités, qui étaient sou-vent des pionnières dans leur discipline, se sont heurtées du fait de leur genre. Elles ont ainsi quasi toutes été victimes de discriminations qui ont pris plusieurs formes, de l’interdiction d’accéder à certaines filiales universitaires à l’absence de soutien de leur entourage, des formes d’art ou de littérature interdites aux femmes, aux longues batailles pour acquérir l’obtention du droit de vote.
Cet ouvrage nous apprend ainsi, à titre d’exemples, qu’Henriette d’Angeville, première femme à avoir organisé son expédition au sommet du Mont-Blanc, a vécu à Lausanne. Que Lolette Payot, la meilleure tenniswoman suisse de tous les temps, bien avant l’arrivée de Martina Hingis, puisque née en 1910 et décédée en 1988, a grandi du côté de Montchoisi. Que l’herbier de Rosalie de Constant sert toujours de référence dans l’histoire de la flore. Que c’est une Lausannoise encore, Valérie de Gasparin Boissier, qui a ouvert la première école laïque d’infirmières du monde. Ou encore que Cécile Biéler-Butticaz et la première femme ingénieur-électricien à avoir décroché un diplôme de l’École d’ingénieur de Lausanne, ancêtre de l’EPFL. C’était en 1907. Trente ans plus tard, c’est encore elle qui cofondera le club Soroptimist de Lausanne, un réseau mondial de femmes exerçant une activité professionnelle.
Valoriser des récits
100 destins, 100 par-cours d’exception, 100 pionnières aux talents souvent méconnus, cet ouvrage fait incontestablement écho en nous interrogeant sur la place des femmes dans l’histoire, dans la société et au sein de l’espace public. Il illustre par ailleurs la nécessité de valoriser des récits oubliés par l’histoire officielle… écrite essentiellement par les hommes. Indispensable alors que ce lundi 8 mars, on célébrera la Journée internationale des droits de la femme.
Lausanne Cités, Philippe Kottelat, mercredi 3 mars 2021
LE CLUB DES 100
L’OUVRAGE «100 FEMMES QUI ONT FAIT LAUSANNE» DRESSE LE PORTRAIT DE CELLES SANS QUI LA VILLE N’AURAIT PAS L’AURA QUI LA CARACTÉRISE
Le livre sort demain, lundi 1er mars, et rend hommage – pour la première fois dans un ouvrage grand public – à cent femmes dont le parcours est intrinsèquement lié à Lausanne. Venues d’horizons aussi vastes que différents, elles sont politiciennes, artistes, scientifiques, militantes, philanthropes, sportives et elles ont marqué de leur empreinte le chef-lieu du canton de Vaud, de l’an 1000 au XXe siècle. Sous la houlette de Florence Germond, municipale en charge des questions d’égalité et menée par la déléguée à l’égalité et à la diversité, Joëlle Moret, le projet paraît aux Éditions Antipodes. Qui d’autre qu’Hélène Becquelin pour illustrer ce bel ouvrage! Au fil des pages, les portraits de l’artiste et auteure de BD lausannoise dévoilent le petit supplément d’âme des femmes qui ont marqué la ville de leur empreinte.
Célèbres ou méconnues
Un groupe réunissant une vingtaine de personnes expertes et des associations féministes a permis de sélectionner les cent personnalités extraordinaires – célèbres et moins connues – à découvrir dans le livre, comme, ci-dessus, la pianiste et chanteuse Edith Burger, figure des scènes romandes et des studios de Radio Lausanne dans les années 30-40.
De quoi réfléchir à la place des femmes et aux combats qu’il nous reste à mener, à quelques jours du 8 mars 2021.
Alexandra Lanz, Femina, 28 février 2021