La Tour Bel-Air, Pour ou contre le premier gratte-ciel à Lausanne
Corthésy, Bruno,
1997, 166 pages, 15 €, ISBN:2-940146-05-5
De 1929 à 1931, une vive polémique agite la ville de Lausanne. De puissants investisseurs zurichois projettent de construire une tour de neuf étages, considérée alors comme le premier gratte-ciel de Suisse. Si la tour du Bel-Air Métropole fait aujourd’hui partie du paysage lausannois, le débat général qu’elle suscita en son temps demeure encore dans les mémoires. La polémique mobilise toutes les instances concernées de près ou de loin par la question: partis politiques, associations, corps de métier, journalistes et écrivains; mettant aux prises une réaction conservatrice, menée par les ligues de défense du patrimoine, aux tenants du progrès, soutenus par la majorité de la population. Au-delà du débat d’architecture, montrant comment une construction dite moderne peut être acceptée par la population, c’est toute une série de thèmes propres aux années 30? tradition et modernisme, américanisme et xénophobie? qui se manifestent à cette occasion.
Description
De 1929 à 1931, une vive polémique agite la ville de Lausanne. De puissants investisseurs zurichois projettent de construire une tour de neuf étages, considérée alors comme le premier gratte-ciel de Suisse. Si la tour du Bel-Air Métropole fait aujourd’hui partie du paysage lausannois, le débat général qu’elle suscita en son temps demeure encore dans les mémoires. La polémique mobilise toutes les instances concernées de près ou de loin par la question: partis politiques, associations, corps de métier, journalistes et écrivains; mettant aux prises une réaction conservatrice, menée par les ligues de défense du patrimoine, aux tenants du progrès, soutenus par la majorité de la population. Au-delà du débat d’architecture, montrant comment une construction dite moderne peut être acceptée par la population, c’est toute une série de thèmes propres aux années 30? tradition et modernisme, américanisme et xénophobie? qui se manifestent à cette occasion.
Presse
Taoua et Bel-Air, mêmes enjeux
Bel-Air il y a 80 ans, Taoua aujourd’hui, avec un référendum prévu le 13 avril prochain. La polémique autour des tours sous le regard de l’historien Bruno Corthésy.
Lausanne Cités: Bel-Air dans les années 30, Taoua à Beaulieu aujourd’hui, les tours suscitent visiblement la polémique…
Bruno Corthésy: En fait, historiquement il y a eu très peu de tours à Lausanne. Après le Bel-Air Métropole dans les années 30, il n’y a eu plus rien. Jusqu’aux années 60 où on a construit plusieurs édifices dont la tour Edipresse et la tour Georgette. Puis, de nouveau plus rien, jusqu’au début des années 90. Les Zurichois et les Bâlois, dans la vague du capitalisme débridé, ont relancé les idées de gratte-ciel… A Lausanne, cela a donné Taoua…
Quelles similitudes peut-on trouver dans ces projets?
En réalité, le constat est toujours le même: les tours ne répondent pas à des besoins pratiques, mais d’abord à des raisons symboliques. On a beau invoquer la rareté des terrains, le besoin de concentrer les services dans un même endroit, ça ne tient pas la route…
Quelles sont les motivations symboliques qui ont poussé à Taoua?
En premier lieu, il s’agit de ressusciter le site de Beaulieu en l’associant à un emblème architectural fort. Derrière Taoua, il y a le Comptoir suisse, avec ses enjeux économiques et symboliques, car il a toujours été un bastion du radicalisme vaudois. Enfin, pour les architectes et les entrepreneurs, une tour est le symbole le plus évident de leur savoir-faire…
Et à l’époque pour Bel-Air?
En 1930, construire Bel-Air ne répondait à aucune nécessité pratique, sans enjeu d’occupation du territoire puisque Lausanne était une toute petite ville! L’enjeu symbolique était d’abord pour la richissime famille Scotoni de Zurich à l’origine du projet et qui était en pleine phase de croissance. Ensuite, à Lausanne, mettre en avant la place Bel-Air visait à concurrencer Saint-François, ce qui n’a jamais marché du reste.
Quelle différence majeure voyez-vous entre les deux projets?
Incontestablement, la dimension écologique. Aujourd’hui on vit avec le sentiment que le territoire est rare, sans cesse grignoté, et qu’une tour peut compenser ce grignotage par la verticalité. Le seul hic, c’est que les tours n’ont aucune vertu en matière d’économie d’énergie, bien au contraire! Elles ont un impact 30% supérieur en termes de coûts de construction, de consommation énergétique et de recyclage, le jour où il faudra les détruire! L’incohérence du discours d’aujourd’hui sur le plan écologique est à ce propos pitoyable.
Charaf Abdessemed, Lausanne Cités, 15 janvier 2014
1930: L’affaire de la tour Bel-Air
Le Tout-Lausanne s’écharpe autour du projet de »gratte-ciel » Bel-Air Métropole. Edifiant.
« Allons-nous vraiment laisser sans protestation s’accomplir cette offense à la raison et au bon goût que serait la construction de la tour du Bel-Air Métropole? » Le 4 novembre 1930, le ton est donné par le rédacteur en chef de la Gazette de Lausanne, Georges Rigassi. Son journal, proche des libéraux, sera l’un des principaux relais de la fronde qui s’organise contre le premier « gratte-ciel » de Suisse, qui doit dresser ses 52 mètres au-dessus des Terreaux (66 mètres depuis le Flon) dans le ciel lausannois. « L’affaire de la tour Bel-Air Métropole » va occuper deux ans durant la vie de la capitale vaudoise. Le débat en rappelle d’autres, toujours en cours…
L’entrepreneur Albert Cottier confie à l’architecte Eugène Jost la réalisation d’un grand ensemble à la place Bel-Air. Il obtient le permis de construire pour une réalisation très classique. Mais ses finances se dégradent et l’obligent à trouver un repreneur. Il vend son projet aux Scotoni, famille d’entrepreneurs zurichois d’origine tyrolienne (qui développera aussi une société de films en Allemagne nazie).
Contrat « à l’américaine »
Eugen Scotoni Junior, un des fils du patriarche, est chargé de mener à bien le projet lausannois. Il débarque Jost et installe Alphonse Laverrière, dans un contrat « à l’américaine », où l’architecte dessine les plans mais n’a rien à dire sur leur exécution. En fait, Laverrière, très introduit à Lausanne, sert de carte de visite. Est-ce même lui qui a eu l’idée de la tour? Ses allusions à cette adjonction tardive sont neutres.
Le dessin de l’ensemble subit des évolutions, mais sa nature demeure: des logements dernier cri, avec grandes salles de bains et douches, cuisines lumineuses équipées de réfrigérateurs intégrés; un restaurant, des commerces; et une salle de cinéma de 1600 places, soit 200 de moins que la plus grande de Suisse, construite par Scotoni à Zurich. Le style de l’ensemble mélange techniques modernes – une armature métallique plus du béton – et néoclassicisme monumental.
La tour divise. La salve de la Gazette accompagne celle de la Société d’art public, section vaudoise du Heimatschutz, qui s’inquiète: « Sur un sol dont une nature fantasque a fait son jeu, un sol qui se dérobe à chaque instant aux perspectives, au déploiement des masses, qui aggrave le désordre résultant de la diversité des constructions, il faudrait éviter, à tout prix, d’ajouter quoi que ce soit d’artificiel aux excentricités naturelles du lieu. »
Relents xénophobes
Esthétiques, légaux, symboliques, religieux, moraux, les arguments des opposants couvrent un large spectre. Ils reflètent le refus de voir Lausanne assumer un statut de ville. La xénophobie s’avère omniprésente, de la condescendance de la Gazette envers le promoteur alémanique dont on salue ironiquement le français « excellent », jusqu’aux propos de Charles Ferdinand Ramuz. Dans sa revue Aujourd’hui, il publie, le 18 décembre 1930, Sur une ville qui a mal tourné. Il y voue aux gémonies toute une série de bâtiments (comme le Palais de Rumine) mais concentre son tir sur le projet de tour, et ajoute: « … On a bien bâti aussi longtemps qu’on ne s’est pas posé la question de savoir comment bâtir, parce qu’on le savait d’avance. Or, à un moment donné et à cause des apports venus de l’étranger (entrepreneurs, main-d’œuvre, exemples), voici la question qui se pose. On ne bâtit plus comme on a toujours bâti. »
Les partisans, eux, inaugurent la communication moderne, engageant un photographe de renom et multipliant les plaquettes de présentation.
Combat politique
Au Conseil communal du 2 juin 1931, devant des gradins du public bondés, et face aux socialistes emmenés par Maurice Jeanneret-Minkine, qui défend bec et ongles la tour, le front des opposants s’écroule. Deux tiers des radicaux et près de la moitié des libéraux votent pour le projet, qui passe à 62 voix contre 25. La gauche est à la veille de sa première prise de pouvoir à Lausanne. Elle soutient la tour, même si celle-ci, avance-t-elle, est « l’emblème du capitalisme moderne »!
Plus tard, le Conseil d’Etat invalidera le recours des opposants, et la tour Bel-Air Métropole viendra coiffer un ensemble dont une bonne partie est déjà construite. Miné par la crise qui frappe dès 1932, Scotoni devra vendre en 1938 sa réalisation à l’assurance La Genevoise pour 7,1 millions de francs, alors qu’elle est estimée à plus de 10 millions. Ultime clin d’œil de l’Histoire: en 1995, le Heimatschutz remet son prix annuel à l’Association Musique Métropole pour son travail dans la réhabilitation et la sauvegarde de la salle de spectacle du même nom…
Thierry Meyer, 24heures, 30 août 2012
Le premier gratte-ciel de Suisse défia la cathédrale
Une tour de 84 mètres est en projet à Beaulieu; c’est seize de plus que celle de Bel-Air, qui fête ses 80 ans
1931. Vers la fin de cette année-là, les journaux de Lausanne ne sont pas seulement bariolés de réclames pour les étrennes de Noël. Une publicité tapageuse y annonce l’inauguration imminente du premier gratte-ciel de Suisse qui, au sud de la place Bel-Air, fait face au Kursaal, bâti, lui trente ans plus tôt dans un Jugendstil floral et mouluré. La tour sera haute de 68 mètres. Si le défi enchante les Suisses qui ont voyagé en Amérique, où la mode des buildings est en effervescence depuis les années 20, il scandalise les sédentaires.
Au premier rang, des protestants rigoristes – peut-être trop marqués par l’épisode biblique de Babel – et que heurte le projet d’un édifice presque aussi élevé que la cathédrale de Lausanne. Même si la tour lanterne de celle-ci culmine à 79 mètres, soit à 11 de plus. D’autres opposants se méfient des extravagances du « capitalisme », et rien ne les choque davantage qu’en période de crise on ose s’inspirer de l’architecture de Wall Street, l’épicentre du séisme économique de 1929. Enfin, des autonomistes vaudois traditionnellement hostiles à toute initiative originaire d’outre-Sarine, proclament à qui mieux mieux qu’Eugène Scotoni, le concepteur de cette réalisation « pharaonique », se trouve être un ingénieur zurichois…
Métropole-« Nécropole »
Balayant ces préjugés et faisant feu des quatre fers, l’immigré italien Eugène Scotoni parvient à concrétiser son rêve américain, en plein coeur de Lausanne, au mois d’octobre 1931. Il a été assisté par le grand architecte vaudois Alphonse Laverrière. Les étapes les plus audacieuses de l’édification de l’édifice aux 16 étages furent sa maçonnerie générale, puis l’assemblage inédit de sa carcasse en fer, qui leur prit huit longs mois. Il y eut des accidents, des ouvriers blessés et même un mort – les détracteurs du chantier n’hésitèrent plus à parler de « la Nécropole de Bel-Air »…
Ramuz désapprouve
Une fois parachevé, au début de 1932, le premier gratte-ciel de Suisse peut enfin aguicher tous les regards, et toutes les appréciations. Les plus enflammées viennent de nos édiles: voilà plusieurs lustres que la capitale vaudoise s’est reconvertie dans le tourisme et les services. Elle est condamnée à créer des espaces extramuros dévolus à l’industrie, des pôles d’appoint et d’équilibre. Pour nos autorités, la tour Métropole défie moins la cathédrale que les banques et les sociétés d’assurances de Saint-François.
Réconfortés, Scotoni, Laverrière et leurs partenaires? Ce serait sans compter le baptême du feu qu’ils redoutent le plus: le regard esthétique, pas forcément politisé, des grands artistes et intellectuels de la ville. Parmi eux, les écrivains Charles-Albert Cingria et Charles Ferdinand Ramuz, qui ne sont pourtant pas des pourfendeurs du modernisme. C’est paradoxalement un procès de non-modernisme que ce dernier nommé a déjà intenté à la tour Bel-Air, quelques mois auparavant, à fin 1930, dans un texte mémorable intitulé « Sur une ville qui a mal tourné ». Ecoutons l’élégante diatribe ramuzienne: « Une tour peut avoir cent mètres et paraître petite; elle peut n’avoir que vingt mètres et paraître grande. La tour en question de quarante mètres (…) m’a paru essentiellement moyenne, c’est à-dire rien du tout… De sorte qu’elle ne m’a paru qu’un ornement assez prétentieux à une bâtisse elle-mème assez prétentieuse. »
Sa sentence fut péremptoire mais pour une fois pas visionnaire. Notre modeste gratte-ciel lausannois a beau ressembler à un vieux vaisseau décrépit, il est de moins en moins détesté. En sa soute, la grandiose salle du Métropole, classée monument historique, est devenue mondialement connue grâce aux ballets d’un certain Maurice Béjart.
Une tour américaine à Lausanne
Inaugurée en 1932, la tour Bel-Air Métropole fut l’objet d’un litige sans précédent. Entre les modernistes avides d’industrialisation et les conservateurs qui s’opposaient à sa construction
Pas un monument d’art
La Tour Bel-Air de Lausanne, comme une métaphore de la droite moderne
Pas particulièrement remarquable par son style architectural, le complexe Bel-Air Métropole représente un témoignage aussi significatif que passionnant de son époque. Arrêt sur un récent ouvrage consacré à la tour.
Au printemps 1995, la Ligue suisse du patrimoine remettait un prix à l’Association Musique Métropole pour son travail de défense et de réhabilitation de la salle de spectacle. Ironie de l’histoire, l’organisme reconnaissait ainsi officiellement la valeur d’un édifice qu’il avait mis toute son énergie à combattre soixante-cinq ans auparavant. « Il semble bien que les ouvrages d’architecture revêtent suivant l’époque, une signification différente », note l’historien Bruno Corthésy en avant-propos de son récent ouvrage consacré à la Tour Bel-Air (Editions Antipodes): Pour ou contre le premier gratte-ciel à Lausanne.
Car les violentes oppositions et la polémique qui accompagnèrent de 1929 à 1931 la construction du Bel-Air Métropole sont restées dans les mémoires, notamment grâce au texte de Charles-Ferdinand Ramuz: « Sur une ville qui a mal tourné ». La controverse mobilisait toutes les instances concernées de près ou de loin par le projet: partis politiques, associations, corps de métiers, intellectuels et journalistes. Elle mettait aux prises les tenants du progrès, soutenus par la majorité de la population, avec une réaction solidement conformiste, qui défendait le pittoresque contre l’industrialisation, le nationalisme contre le cosmopolite, « La future tour du Métropole se profilera comme un énorme gratte-ciel américain, rompant complètement l’équilibre du paysage urbain », écrit par exemple à cette époque Georges Rigassi dans les colonnes de La Gazette de Lausanne.
Pour Bruno Corthésy, il serait faux cependant de réduire « l’affaire » Bel-Air Métropole à une opposition entre la droite conservatrice et la gauche progressiste. Car si, cette dernière a joué un rôle important, l’enjeu de la polémique se situait bien davantage au sein de la droite dite Moderne, traversée par des sensibilités divergentes, particulièrement affirmées, durant l’entre-deux-guerres.
Par leur implication économique dans l’Allemagne nazie, comme par leurs engagements politiques personnels, les entrepreneurs de la famille Scotoni s’inscrivaient largement dans le courant de l’extrême droite montante. En réalisant le projet du Métropole, « ils ont rendu manifeste une tendance de cette droite qui avait adopté les procédés les plus modemes, aussi bien sur le plan des techniques que par le recours à la culture, de masse ». Leurs contradicteurs appartenaient à une droite plus traditionnelle, organisée autour des sociétés patriotiques. Et leur opposition à cette réalisation d’envergure relevait moins du souci de préserver le pittoresque de la cité, que de la crainte de voir Lausanne devenir « une grande ville », la peur de vivre l’émergence d’une forte classe ouvrière. Après de multiples recours, les travaux commencèrent pourtant en 1930.
Et pour indissociable qu’elle soit aujourd’hui du panorama lausannois, on admet généralement que la Tour Bel-Air n’est pas particulièrement remarquable sur le plan architectural. Aussi l’enquête rigoureuse et la très riche analyse de l’historien éclairent-elles d’un jour nouveau les contradictions stylistiques d’un édifice qui n’a pas pu choisir entre classicisme et modernisme. L’histoire, par le petit bout de la lorgnette, en 155 pages.
Olivier Dessimoz, Journal de Genève, 8-9.11.97
La Tour Bel-Air
Dans les années trente, la construction de la Tour Bel Air fut passionnément souhaitée ou contestée. En voici l’histoire.
Dans toute ville (Genève faisant peut-être exception) quand on découvre d’un point de vue privilégié l’espace urbain, on s’interroge toujours: pourquoi cette tour, à cet endroit? Qui a obtenu cette formidable dérogation, et comment? Ainsi de la Tour Bel-Air, à Lausanne. Située sur la berge droite du Flon, donc en retrait si l’on regarde Lausanne du lac, pas si haute que cela, 53 m (1 m de plus que les plans déposés, l’architecte s’en est excusé une fois les travaux terminés) la Tour Bel-Air a été le produit d’un entrepreneur, d’un architecte engagé dans une bataille extrêmement vive avec les autorités qu’il fallait persuader et l’opinion publique qui se voulait, selon les références de l’époque, moderniste ou conservatrice. Bruno Corthésy nous restitue cette histoire. C’est un plaisir.
Les procédés d’influence sont classiques: choix d’un architecte de renom, Alphonse Laverrière, et surtout d’un avocat, chargé à la fois des procédures juridiques et des relations publiques, Henry Vallotton, radical en vue, qui présidera l’Assemblée fédérale en 1939.
Le municipal des travaux résiste. Il rompra même la collégialité. Mais il n’obtient pas, malgré un recours au Conseil d’Etat, la pose de gabarits. Aucune maquette ne fut déposée! En revanche les dessins et les photomontages furent de qualité.
A lire avec le même plaisir le débat, auquel Ramuz participa dans son article fameux « Sur une ville qui a mal tourné » (Aujourd’hui, 1930), les arguments du modernisme architectural, néo-classique et fonctionnaliste, appuyés politiquement par le centre gauche, et ceux des conservateurs, Gazette de Lausanne, Association du Vieux-Lausanne. Tout est brassé, y compris les rapports symboliques de hauteur par rapport à la cathédrale (depuis le CHUV, autre symbole, a affiché ses dimensions surplombantes). Si bien que la Tour Bel-Air est l’expression non seulement d’une époque d’architecture, mais la résultante dans une ville petite et provinciale des courants d’influence et de résistance. Significative, à plusieurs titres. Bruno Corthésy restitue le contexte et le produit. D’où le plaisir.
A signaler, pour la comparaison historique: il n’y eut pas de référendum!
André Gavillet, Domaine Public, 1322, 27.11.