Le héros était une femme…

Le Genre de l'aventure

Bilat, Loïse, Haver, Gianni,

2011, 268 pages, 25 €, ISBN:978-2-88901-050-9

Que devient le héros lorsque celui-ci est une femme ou que devient une femme lorsqu’elle devient héros? Lara Croft et ses Uzi, Beatrix Kiddo et son Katana ou encore Lisbeth Salander et son Q.I. hors norme: les personnages féminins semblent de mieux en mieux armés pour faire face à l’adversité. Plus qu’un panorama des « nouvelles héroïnes », cet ouvrage collectif propose une réflexion sur l’agencement du masculin et du féminin dans nos mythes contemporains.

Format Imprimé - 31,00 CHF

Description

Que devient le héros lorsque celui-ci est une femme ou que devient une femme lorsqu’elle devient héros?

Lara Croft et ses Uzi, Beatrix Kiddo et son katana ou encore Lisbeth Salander et son Q.I. hors norme: les personnages féminins semblent de mieux en mieux armés pour faire face à l’adversité. Projetées dans ce rôle traditionnellement masculin de moteur de l’intrigue, les femmes entrent de plus en plus dans une logique d’héroïsation.

Elles se battent dans les pages d’un roman, entre les photogrammes d’un film, les cases d’un manga ou parmi des pixels et sont ici discutées par des auteur·e·s de différentes disciplines, que ce soit l’histoire, la sociologie ou les études genre. Ces diverses contributions nous aident à découvrir quelles sont les normes et les signes de leur féminité et de leur héroïcité. Qu’est-ce qu’une femme et qu’est-ce qu’un comportement héroïque dans nos fictions? Comment ces deux modèles se combinent-ils dans les industries culturelles contemporaines?

Cet ouvrage est le fruit d’une collaboration internationale. Il débute par un petit essai sur la figure du « héros féminin » dans la fiction, qui est suivi par quatorze articles portant chacun sur un personnage particulier. Ainsi, plus qu’un panorama des « nouvelles héroïnes », notre livre propose une réflexion sur l’agencement du masculin et du féminin dans nos mythes contemporains.

Table des matières

  • Une justicière maîtresse de son destin? Le Genre de l’héroïsme (Loïse Bilat, Gianni Haver)
  • Charly Baltimore: le dilemme du héros féminin domestique (Pia Pandelakis)
  • Fifi Brindacier: un héros féminin intemporel et transgénérationnel (Eva Söderberg)
  • Buffy: héros postféministe (Malin Isaksson)
  • Catwoman: l’échec du héros féminin (Fabrice Bourlez)
  • Cendrillon détective: intertopoïsme performatif dans Piège pour Cendrillon (Michèle Schaal)
  • Lara Croft: simulation d’un héros féminin (Selim Krichane)
  • Gally de Gunnm: quand une cyborg sauve le monde d’un destin moderne (Olivier Jubin)
  • Beatrix Kiddo: la mariée en noir, alias la maman et le sabre du scorpion (Fabienne Malbois, Jelena Ristic)
  • Lélia: conflit et résistance héroïque chez George Sand (Salah J. Khan)
  • Line, l’héroïque (Michel Porret)
  • Ellen Ripley: genèse et radicalité du héros féminin (Louis-Paul Willis)
  • Yoko Tsuno: l’ambivalence du héros féminin face à diverses formes d’altérité (Alain Boillat)
  • V. I. Warshawski: une femme d’action en quête d’un nouvel ordre (Mélanie E. Collado)
  • Wonder Woman: plus forte qu’Hercule, plus douce qu’une bonne épouse (Loïse Bilat)
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Presse

La super absence des super-héroïnes

Malgré les quelques figures féminines apparues dans les comics après la Seconde Guerre mondiale, le genre est longtemps resté très viril. Et les tentatives récentes peinent à briser ce quasi-monopole, aux références très masculines.

Il y a peu de femmes dans l’Olympe des super-héros. L’invisibilité du deuxième sexe dans la BD ne date pas d’Angoulême. A l’exception notable de Wonder Woman, les femmes aux superpouvoirs sont souvent de pâles avatars de leurs collègues masculins. « Leurs pendants mineurs et amoindries », note Amélie Junqua, maîtresse de conférences à l’université d’Amiens et co-organisatrice, avec sa collègue Céline Mansanti, d’une journée d’études sur les femmes et la bande dessinée (1). « Le genre super-héroïque est fondé sur le combat, l’affrontement entre les forces du Bien et celles du Mal. C’est un genre par définition assez manichéen et brutal », résume Thierry Groensteen, de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême.

Les superpouvoirs des héroïnes ont ainsi longtemps été un peu moins supers que ceux des hommes. « Ceux-là n’ont pas de limite: ils s’allongent, s’enflamment ou se pétrifient. Les superpouvoirs des femmes sont plus souvent liés à la télépathie, à des écrans protecteurs: elles retiennent, elles éloignent, elles se confrontent moins »relève Gianni Haver, professeur à l’université de Lausanne et auteur avec Loïse Bilat de l’ouvrage Le héros était une femme (Editions Antipodes). La palme de la discrétion revenant à Susan Storm, alias la femme invisible, dans les Quatre Fantastiques.

Avec les quelques super-héroïnes apparues dès la Seconde Guerre mondiale, les comics tranchaient malgré tout avec le reste de l’univers médiatique où n’apparaissaient nulle part, ou presque, de figure d’héroïnes jusqu’aux années 80. La raison en était avant tout commerciale: tenter d’élargir le public restreint des lecteurs de comics. « Si on en croit les éditeurs de l’époque, ça a marché mais pas comme ils l’imaginaient: les femmes ne se sont pas massivement mises aux comics, mais les lecteurs masculins ont apprécié l’érotisation que les costumes moulants permettaient », poursuit Gianni Haver.

Les industriels américains DC Comics (Superman, Batman, Wonder Woman) et Marvel Comics (Spider-Man, X-Men, Hulk – racheté par Disney en 2009) contrôlent tout de leurs personnages: « Le super-héros est devenu une ‘appellation d’origine contrôlée’ dans cet univers d’autoréférentialité constante », souligne Loïse Bilat, sociologue de la communication et des médias à l’université de Lausanne. Dans cette cosmogonie, il devient presque impossible de créer de toutes pièces de nouveaux arrivants. Loïse Bilat: « Ce monopole ‘explique le caractère secondaire des super-héroïnes. Les ‘nouvelles’ doivent se construire sur un univers de références préexistantes, dont l’écrasante majorité est masculine. »

Quand, dans les années 70 et 80, les auteures femmes s’imposent dans le monde de la BD underground, c’est plutôt pour mettre en scène leur quotidien, comme Alison Bechdel et la communauté lesbienne de Dykes to Watch Out For, comme le note Céline Mansanti. « On cherche à plaquer un fantasme d’homme qui n’intéresse pas vraiment les auteures, ni les lectrices. Peut-être qu’une minorité dominée ne se représente pas le monde à coup de super-héroïnes ‘qui vont casser la gueule à leurs ennemis’. »

Les super-héroïnes ont pourtant fait du chemin depuis les années 50 – les séries télévisées et les jeux vidéo, notamment, les y ont aidées. Buffy contre les vampires, Xena la guerrière ou Lara Croft ont fait leur preuve. « On savait que les filles pouvaient s’identifier à des héros masculins – elles n’avaient pas le choix -, on sait désormais que cette identification transgenre marche dans les deux sens: les hommes se retrouvent dans une héroïne », note Gianni Haver. Malgré ces énormes succès sur petit écran, les navets sur grand écran restent majoritaires. La pauvre Elektra (jouée par Jennifer Garner) a représenté une catastrophe au box-office: « Les créateurs manquent de foi dans les personnages féminins, ils investissent très peu et ça donne des films d’une nullité accablante », tranche Nicolas Labarre, maître de conférences en civilisation américaine à l’université Montaigne de Bordeaux. Cependant, les traits caricaturaux et stéréotypés de certaines super-héroïnes n’empêchent pas les lectrices de s’en emparer. « Dans une forme d’empowerment, les femmes piochent des fragments de personnages pour se construire une identité propre », explique Nicolas Labarre. C’est aussi ce que veut promouvoir le site Heroic Girls, créé par l’Américain John Marcotte. « Nous voulons que les filles et les femmes soient de plus en plus impliquées dans la création et la consommation de comic books, afin de les aider à rêver en grand, affiche le site internet. Les filles ont besoin de héros ! »

Sonya Faure, Alexandre Hervaud et Léa Iribarnegaray, Libération, 27 janvier 2016

(1.) Les Femmes et la Bande dessinée: autorialités et représentations, le 2 juin à l’université d’Amiens.

 

Je ne pense qu’à ça!

Longtemps, dans les grands récits, les héroïnes n’étaient pas des héros. Elles les accompagnaient, leur étaient promises ou étaient leurs victimes. Pénélope attend le retour d’Ulysse, Marianne aime Robin des Bois, Chimène est la récompense du Cid. De fait, les histoires où les héros sont des femmes, menant une quête libératrice ou mystique, traversant mille épreuves, restent rares. Le héros est presque toujours un homme. Aujourd’hui, après les luttes pour l’égalité des sexes, les héroïnes se multiplient-elles? Pas vraiment. C’est le constat de l’étude Le héros était une femme… de Loïse Bilat et Gianni Haver (éd. Antipodes). Prenez Beatrix Kiddo, la sabreuse de Kill Bill. Personne ne peut croire que, avec sa silhouette de mannequin, elle soit capable de découper en morceaux autant d’ennemis. Et puis, Beatrix agit pour venger son mari et protéger son enfant. Elle ne cherche pas à sauver le monde, elle reste une épouse blessée. Quant à Catwoman, elle a troqué la cape-parachute de Batman pour une jupette; et tombe amoureuse. Lara Croft bataille en petite tenue. Toutes ces héroïnes demeurent rabattues dans les clichés du féminin. On assiste au même réductionnisme en politique. On met Valérie Trierweiler en « une » de Paris Match: « L’atout charme de Hollande ». On reproche à Nathalie Kosciusko-Morizet d’être trop BCBG. On tacle Eva Joly sur ses colères. Ce ne sont pas des héroïnes. Ce sont des femmes.

Frédéric Joignot, M le magazine duMonde, 23 février 2012

Super-nanas?

Le héros décliné au féminin

Alors qu’elles sont de plus en plus nombreuses à peupler nos fictions, l’on pourrait croire que les héroïnes parviendraient enfin à se faire une place dans notre culture, ouvrant alors d’autres formes de récits et participant de fait à une reconnaissance de la femme dans des domaines jusque là considérés comme incompatibles avec sa place dans la société. C’est en quelque sorte ce projet idéal, le but ultime de l’héroïcité déclinée au féminin: libérer de tels personnages du joug patriarcal et faire valoir leurs pouvoirs au même titre que la gent masculine.

Deux chercheurs, Loïse Bilat et Gianni Haver, posent alors cette question de l’agencement entre masculin et féminin dans les productions culturelles « grand public » mettant en avant une héroïne. En étudiant la relation entre l’héroïne et le contexte patriarcal dans lequel évolue généralement cette dernière, Bilat et Haver s’intéressent à la construction des représentations, à leur réception dans la société. Dans le premier essai du livre, qu’ils cosignent, les auteurs posent les bases de leur étude sur l’héroïcité à travers l’outil « genre » et relèvent déjà un aspect problématique: l’héroïne n’est pas l’alter ego du héro. En effet, dans le langage commun, le concept d’héroïne ne détermine pas l’aspect extraordinaire du personnage ni ne lui confère automatiquement le rôle de personnage principal. Les auteurs proposent alors de qualifier ces personnages féminins hors norme et héroïque, des « héros féminins ». Plus qu’une nuance ou un simple effet de langage, cette distinction permet réellement de se positionner de façon critique vis-à-vis de l’héroïsme décliné au féminin. Sont ainsi passés au crible le schéma actanciel des fictions, le rapport à la violence, au spectaculaire, la question de l’hypersexualisation. En conclusion, les deux chercheurs estiment que le héros féminin reste majoritairement enfermé dans des rôles stéréotypés qui annulent le potentiel subversif qu’on serait tenté de lui attribuer.

Pour appuyer ce constat, Loïse Bilat et Gianni Haver ont fait appel à plusieurs chercheurs français, belges, suédois ou encore canadiens. Au total, l’ouvrage propose 14 articles chacun autour d’un héros féminin particulier, issu aussi bien de films, que de bandes dessinées ou de jeux vidéo. Ce large panel de figures héroïques et surtout cette diversité de champs artistiques permettent alors de voir comment la culture populaire, en général, appréhende l’agencement de la féminité et de l’héroïsme.

De Wonder Woman à Beatrix Kiddo: le prototype de la femme forte, belle, maman et/ou amoureuse

Si chaque personnage étudié dans le livre comporte sa part de singularité et ainsi ses propres formes émancipatrices et conservatrices, un point commun majeur se retrouve dans la construction du récit et sur la construction identitaire du héros. Car si comme leurs homologues masculins, ces dames sont l’objet d’un parcours initiatique motivé par une quête particulière, les poussant à découvrir leur potentiel hors norme et à en assumer les conséquences, les motivations de ce parcours sont tout à fait divergentes. Ainsi, les héros féminins seraient plus enclins à se battre corps et âme pour l’amour, la défense de leur enfant plutôt que pour sauver la planète, défendre la justice. Wonder Woman dans les années 40 combat les ennemis nazis mais avant tout par amour pour le capitaine de l’armée américaine Trevor, Beatrix Kiddo dans Kill Bill joue du sabre japonais pour retrouver sa fille, Charly Baltimore renoue également avec son passé de femme d’action suite au kidnapping de sa fille.

Question féminité, les héros se parent généralement des stéréotypes de beauté et démontrent encore les limites de leur potentiel. Leur force physique n’altère en rien leur plastique ultra féminine, leurs courbes généreuses. Ce primat de la beauté et le côté hyperbolique de la féminité renvoient directement à la question de la sexualisation des héros. Celles-ci demeurent l’objet du regard masculin et incarnent une forme de désir. L’exemple de Lara Croft est ici le plus parlant, l’héroïne pouvant être manipulée par le joueur dans des positions très suggestives et qui pourtant ne servent en rien l’avancement du jeu.

L’héroïcité: laboratoire expérimental du féminin

Il convient toutefois de reconnaître que l’héroïcité contient par essence un fort potentiel dans le questionnement identitaire et donc sur la construction du genre. Échappant à la normalité, le récit héroïque peut alors proposer des personnages relevant du schéma expérimental, s’affranchissant des normes. La perméabilité entre le champ réaliste et celui surréaliste permet à des personnages comme Fifi Brindacier de transgresser les limites de l’âge et du genre. Indépendante et dotée d’une force extraordinaire, Fifi incarne un modèle féminin et féministe que seul l’héroïsme rend possible. Plus loin encore, le personnage de Gally, héros cyborg du manga Gunnm, rend compte de la construction du corps et du genre, laissant percevoir de forts accents foucaldiens. Créée, recréée, recomposée, Gally parvient alors à questionner l’attribution de tel ou tel caractère au genre masculin ou féminin.

A travers ces 14 portraits de héros féminins, on perçoit donc que le héros féminin dans sa version contemporaine reste confronté à des stéréotypes, des ambivalences et des contradictions qui font écho aux structures patriarcales que la société véhicule encore. Pourtant des avancées sont notables. Nous ne sommes plus étonnés de leur présence, ni de leur force. Mais nous ne sommes toujours pas étonnés de les voir toujours belles, soumises au regard et au pouvoir masculin entre autres. C’est cela qui constitue les limites de nos héros féminins contemporains et c’est ce dont le livre rend compte très justement..

Thomas Muzart, Nonfiction.fr, 6 mars 2012

Dans la revue en ligne Lectures / Liens Socio

Le Héros était une femme… et c’était loin d’être évident. Cet ouvrage collectif à la méthode principalement sémionarrative montre à quel point la féminisation du héros dans les productions culturelles a provoqué, et provoque encore, subversions des normes et résistances hégémoniques. En plus de se battre contre des démons, aliens, machines et autres méchants classiques de la fiction, les héros féminins doivent affronter un redoutable ennemi: l’idéologie patriarcale et ses allants-de-soi. Il va ainsi de soi que Lara Croft a des courbes avantageuses ou que la détective V.I. Warshawski valorise la parole et la confession dans ses enquêtes, tout comme il va de soi que l’extrême majorité des femmes est hétérosexuelle.

Loïse Bilat et Gianni Haver proposent tout d’abord une distinction entre héroïne et héros féminin qui illustre bien ces problématiques. Ils montrent que le terme « héros » renvoie aux attributs mélioratifs de la masculinité (la force et le courage parmi d’autres) et désigne la place principale du récit alors que « l’héroïne est beaucoup plus floue sémantiquement ». Elle traîne encore sa définition classique, celle d’un personnage secondaire qui accompagne le héros masculin sans nécessairement accomplir d’exploits. Plus concrètement, si nous avons des difficultés à considérer Donald Duck comme un héros, « nous avons bien moins de peine à caractériser Martine comme une héroïne ». Ce préambule n’est pas un accessoire stylistique: il annonce les résultats narratologiques des recherches.

Le processus de féminisation n’apporte pas automatiquement l’équité; le héros féminin n’est pas la simple substitution d’un homme par une femme. Ces remplacements sont en fait le signe de médiations sociales qui discutent les attributs que l’on peut envisager de donner au héros, selon son genre. Les auteur.e.s souhaitent ainsi « analyser ce qui se passe lorsqu’une femme est soumise à un processus d’héroïcisation » pour mieux « interroger les normes de genre et d’héroïsme véhiculées par des productions culturelles variées ». Les objets d’étude du livre sont en effet multiples et bigarrés, reliés entre eux par cette caractéristique elle-même labile qu’est le Dead or Alive to video book of ra online spielen kostenlos ohne anmeldung Slot rodem z dzikiego zachodu: 5-kolumn, 9-lini i wiele, wiele nagrod! Spodziewaj sie jeszcze wiekszej ilosci darmowych spinow oraz ogromnych wygranych! Zaspinuj w naszym videoslocie, w ktorym poczujesz prawdziwa atmosfere Las Vegas. féminin. De Fifi Brindacier à Buffy, de Wonderman à Catwoman, d’Ellen Ripley à Beatrix Kiddo, cet éventail de héros féminins est le paradigme des thématiques que les médias de masse ont un jour abordé ou ignoré : force et indépendance, liberté et aliénation, maternité…

De ce collectif, on retiendra que les industries culturelles évitent rarement deux écueils: les femmes sont belles et leur famille n’est jamais bien loin. La force n’est plus l’apanage du masculin (ce qui bouleverse les attendus « biologiques ») mais le féminin est réifié par sa beauté, qu’il utilise désormais comme une arme dans une perspective que nous pourrions qualifier de néoféministe. De plus, l’émancipation féminine reste individualiste et ne doit surtout pas bousculer les structures sociales, la famille en tête. L’hétérosexualité est difficilement négociable et lorsque les médias de masse, qui ne sont jamais monosémiques, laissent passer quelques figures androgynes comme Ellen Ripley (la tétralogie Alien) ou Beatrix Kiddo (Kill Bill, volumes I & II), elles sont aussitôt ramenées à leur état maternel. Beauté et famille sont des sables mouvants: on ne cesse de rappeler à nos héros qu’ils sont féminins.

Si un James Bond ou un Rambo au féminin sont donc au rendez-vous absents, l’ouvrage souligne tout de même une complexification des héros féminins et de leurs aventures; « le système de genre se trouve quelque peu troublé dans les productions analysées ». L’apparition de ces personnages signale la subjectivation du féminin à travers les topoï classiques de l’héroïsme que sont notamment les chemins initiatiques. Les femmes s’affirment comme sujet et subissent à cet effet des épreuves qui souvent tentent de les ramener à leur état naturel – nombreuses sont celles qui commencent leurs aventures pieds nus, signe d’un « état primitif qui leur permet de renaître ». Toutefois la résolution reste genrée. Alors que le masculin clôt ses aventures sur une « autosuffisance affective », le féminin se réalise dans ses relations à autrui: « la différenciation la plus prégnante entre héros masculins et héros féminins réside finalement dans leur accomplissement personnel ». Quand l’un acquiert une indépendance, l’autre bataille pour son autonomie.

Il faut saluer l’initiative d’un tel ouvrage collectif, trop rare dans un domaine francophone encore frileux à l’idée d’associer une perspective issue des gender studies à des objets souvent illégitimes (télévision, jeux vidéo, bande dessinée…). L’ouvrage aurait probablement bénéficié d’une contribution empirique qui aurait permis de multiplier les niveaux d’interprétation – c’est là la faiblesse de l’approche sémionarrative – mais Le Héros était une femme… reste un outil précieux pour quiconque s’intéresse aux politiques de représentations des héros et du féminin. L’ancrage sociologique ne renie pas l’inspiration des autres disciplines comme la psychanalyse ou la littérature, une perspective pluridisciplinaire essentielle pour comprendre les enjeux genrés de ces nouveaux personnages.

Céline Morin, LecturesLes comptes rendus, 25 février 2012, http://lectures.revues.org/7623

« Un Rambo au féminin n’est pas encore acceptable »

Un livre se penche sur ces femmes qui endossent les premiers rôles. Buffy, Lara Croft ou Beatrix Kiddo… Elles manient autant le sabre que la kalachnikov, mais leur physique et leur affect restent calqués sur des stéréotypes sexistes.

« Je voue une affection particulière à Ellen Ripley, cette figure du chevalier errant telle que j’ai pu la découvrir dans des romans du Moyen Age, mais qui apparaît sous les traits d’une femme perdue dans l’espace. » Les héroïnes de fiction à poigne, comme celle de la saga « Alien », ça la connaît. Sociologue à l’Université de Lausanne, Loïse Bilat coordonne un livre, qui vient de paraître, sur ces premiers rôles endossés par des femmes. Indépendantes, moteur de l’action, les représentantes du sexe dit faible manient autant le sabre que la kalachnikov et, s’il le faut, balancent des prunes sans états d’âme.

De l’ingénieure en électronique Yoko Tsuno à Buffy, la chasseuse de vampires, les héritières de la Wonderwoman des années 1940 se sont fait une place sur le devant de la scène dans les productions culturelles destinées au grand public. Même si ce type de héros féminins, qui jouent d’égal à égal avec leurs homologues masculins, apparaissent encore à dose homéopathique. « La figure de l’héroïne classique, personnage secondaire au service de la quête du héros masculin, reste encore dominante, admet Gianni Haver, qui a également planché sur le profil de ces nouvelles battantes. Toutefois, il faut reconnaître que des personnages comme Lara Croft ou Beatrix Kiddo dans « Kill Bill » ont fait évoluer les choses. » Pour le sociologue, on s’est habitué. « Quand Angelina Jolie incarne Evelyn Salt, dans le film « Salt » en 2010, ça ne suscite plus l’étonnement, comme ce fut le cas une dizaine d’années avant, lorsque la même actrice endossait le rôle de Lara Croft », souligne-t-il. D’ailleurs, tant l’espionne au service de la CIA accusée d’être un agent double que l’archéologue tout-terrain aurait pu être incarnée par un homme.

N’empêche, les icônes de fiction féminines ont beaux être plus nombreuses, s’octroyer des prérogatives jusqu’ici masculines, elles traînent encore dans leur sillage pas mal de stéréotypes. « Un Rambo au féminin n’est pas acceptable actuellement », reconnaît en souriant Loïse Bilat. Car les héroïnes ont beau être solides comme des rocs, leur réalisation personnelle passe encore dans la plupart des cas par celle de leurs proches – enfants ou compagnons -, à l’instar de Beatrix Kiddo à la recherche de sa fille. Et celles qui se seraient émancipées de ces liens affectifs échappent rarement à d’autres clichés. « Prenez Lara Croft, indique la sociologue. Si elle faisait réellement tout ce qu’elle fait à l’écran, elle devrait avoir une musculature bien plus développée. Mais physiquement, elle est mince et dotée d’une poitrine généreuse… »

Hypersexualisée ou vieille fille

Chez le héros féminin, le corps colle toujours aux canons de beauté, relèvent les sociologues, même si cette silhouette répond plus à l’imaginaire érotique masculin qu’à la logique de l’histoire. Mais leurs pendants virils ne sont-ils pas, eux aussi, la plupart du temps musclés et bronzés? « C’est vrai, reconnaît Gianni Haver. Toutefois, il existe des héros masculins qui n’ont pas cette dimension érotique, comme par exemple le Hulk de la bande dessiné. Il apparaît plutôt monstrueux, alors que sa contrepartie féminine She Hulk, créée dans les années 1970, a un côté sauvageonne, mais elle reste plantureuse. » Pour lui, si la plupart des personnages masculins sont beaux, le fait d’être désirable est pour le héros féminin « non seulement nécessaire, mais indispensable. » L’héroïne est hypersexualisée, ou pas du tout – et là, elle apparaît sous les traits d’une très jeune fille ou d’une vieille fille, comme Jessica Fletcher, la détective en charentaises de la série télé « Arabesque ».

Une taille bien trop fine

« C’est la grande impasse du héros féminin. Il véhicule, pour l’essentiel, des stéréotypes classiques d’une société sexiste », constate Gianni Haver. Un travers qui ne touche pas que les premiers rôles, comme l’a démontré l’Américaine Stacy Smith, professeur en communication à l’Université de Californie du Sud. Après avoir passé au crible les films grand public sortis de 2006 à 2009, elle s’est rendu compte que 70% des personnages de fiction dotés de parole sont des hommes, que les femmes sont globalement plus jeunes, plus jolies et découvrent nettement plus de centimètres carrés de peau dans une zone située entre la poitrine et les cuisses. Même les dessins animés n’échappent pas à la tendance. Les personnages féminins affichent fréquemment des mensurations irréalistes. Une sur quatre a une taille si fine qu’il lui reste « peu de place pour un utérus ou n’importe quel autre organe, d’ailleurs… » relève Stacy Smith.

Pour la Californienne, l’omniprésence de ces clichés sexistes dans les films découle directement d’une prépondérance masculine au sein de l’industrie cinématographique, qu’il s’agisse des auteurs, des scénaristes ou des réalisateurs. Un point de vue que Loïse Bilat et Gianni Haver nuancent. Selon eux, ce sont avant tout les productions à gros budget qui reproduisent des stéréotypes qu’elles imaginent partagés par le plus grand nombre. « Pour faire un maximum de profit, il vaut mieux coller au modèle dominant », souligne Loïse Bilat.

Ainsi, la littérature, les créations indépendantes et les séries nées sur les chaînes de télévisions câblées constituent un meilleur terreau pour faire vivre des personnages plus complexes. Cette liberté rebondit d’ailleurs parfois sur grand écran, comme ce fut le cas récemment avec Lisbeth Salander, la hackeuse punk de la trilogie suédoise « Millenium ».

Geneviève Comby, Le Matin, 31 décembre 2011

Le « héros féminin », une promesse manquée

Comment le cinéma et la littérature représentent-ils les femmes héroïques? Que disent-ils de notre société? C’est ce qu’explore un récent livre coédité par la doctorante Loïse Bilat et le professeur Gianni Haver.

Un « héros feminin », non une héroïne. C’est ainsi que Loïse Bilat définit Wonderwoman, personnage de fiction né aux Etats-Unis dans la seconde moitié du XXe siècle. Car, si l’héroïne est synonyme de protagoniste féminin, le héros incarne beaucoup plus. « Historiquement, c’est une figure autosuffisante, qui accomplit une quête, souvent violente, au terme de laquelle il se trouve transformé », estime la chercheuse en sociologie de la communication. Cette description place Wonderwoman parmi les premiers héros déclinés au féminin. Sa naissance est aussi porteuse d’un grand espoir d’émancipation. « Les productions culturelles de masse sont une mise en scène de la société. Adressées au plus grand nombre, elles indiquent ce qui est considéré comme acceptable. La création de Wonderwoman coïncide avec une visibilisation du travail industriel féminin aux Etats- Unis, due à la guerre. » Elle révèle pourtant les limites du progressisme. Avec sa douceur maternelle et sa valorisation de l’obéissance, Wonderwoman donne à voir un aspect non négociable des identités de genre: si pouvoir de la femme il y a, il doit rester cadré par la « délicatesse féminine ».

Un potentiel inexplore

Quid des héros féminins plus contemporains? Loïse Bilat et Gianni Haver ont passé au peigne fin une soixantaine de films, BD ou séries destinées au grand public, McGiver, Hulk, James Bond, Buffy contre les vampires ou encore Kill Bill. Résultat: toutes les superhéroïnes présentent un aspect bancal. « C’est comme si les réalisateurs avaient peur d’assumer jusqu’au bout le fait qu’une femme occupe un rôle masculin. Ils n’exploitent pas tout le potentiel subversif de ces personnages », résume la chercheuse. A premiere vue, Lara Croft est un héros comme les autres. Indépendante, déterminée dans sa quête, elle tue sans états d’âme, comme ses alter ego masculins Rambo ou Tarzan. Rambo, vraiment? « Le corps de Lara Croft devrait être dix fois plus musclé pour être congruent avec les actes qu’elle accomplit. C’est à se demander où elle cache sa force. Chez les héros masculins, le physique est en adéquation avec le récit », estime Loïse Bilat. Plus qu’une histoire de muscles, l’hyperféminité de Lara Croft vient rappeler une vieille formule, présente déjà chez Wonderwoman: pour ne pas paraître trop menaçante, la femme héros doit rester séduisante.

La tueuse à gages Beatrix Kiddo, héros de Kill Bill, est bien plus androgyne. Pourtant, là encore, le potentiel de subversion est avorté, puisque son moteur de violence est la famille. « Chez une femme, la brutalité est acceptée lorsqu’elle est canalisée par un moteur moral légitime, comme un enfant. On ne trouve rien de tel chez les héros masculins, qui s’émancipent des liens affectifs sans cesse. Souvent, la femme qui embrasse le héros meurt dans les minutes qui suivent », analyse Loïse Bilat. Dans les figures féminines, l’unique contre-exemple est Nikita, de Luc Besson, qui s’affranchit totalement. Quant à James Bond, qui multiplie les conquêtes, son équivalent féminin reste à inventer. « Une sexualité offensive reste trop dérangeante pour un héros féminin. » Du moins chez les ténors de l’industrie culturelle.

Renata Vujica, L’Uniscope, no. 569, 2011

L’héroïsme féminin: du trouble dans le genre?

Rambo, Peter Pan ou Robin des Bois, les hommes ne manquent pas de héros pour se rêver. Pour les femmes c’est plus ambigu car Pénélope, Trinity de Matrix ou la princesse Leia de La Guerre des étoiles, les héroïnes sont plutôt des récompenses ou accompagnent un héros! Les modèles proposés aujourd’hui par le cinéma ont-ils évolué? Petit tour d’horizon.

Salt, Thelma et Louise, Ripley, certaines figures de femmes au cinéma travaillent, larguent leur petit ami et défendent des causes, comme dans la vie! Néanmoins les stéréotypes ont la peau dure et la culture du divertissement de masse reste crochée aux vieilles catégories. Les grosses productions, les blockbusters, sont un baromètre du discours dominant et une fabrique à modèles d’identification. Selon les différents auteur·e·s d’une étude qui paraîtra cet automne, codirigée par Loïse Bilat et Gianni Haver, les figures de héros féminins – des femmes qui occupent le rôle du héros – dans le cinéma commercial ne mettent que très peu de trouble dans le genre, sauf quelques exemples qui font figures de dissidentes.

Héroïne n’est pas le féminin de héros

Ces auteurs se sont intéressés à des héros féminins car, comme l’indique Loïse Bilat, assistante diplômée en sociologie de la communication et des médias à l’Université de Lausanne, « une héroïne n’est pas exactement le féminin de héros! Le héros est autosuffisant et agit pour des motifs supérieurs aux motifs relationnels, familiaux ou affectifs, comme la patrie et il va utiliser la violence. « Or, une héroïne peut évoluer en marge du récit, être un personnage secondaire et rester une héroïne comme Aaricia dans Thorgal. Si une femme devient héroïque ce n’est que, « dans des circonstances exceptionnelles » selon la définition du Petit Robert, lorsque quelque chose d’insupportable lui arrive (viol) ou qu’elle lutte pour sa survie afin que sa violence soit justifiée. Le héros poursuit une quête et passe des épreuves qui lui permettront de se réaliser en tant qu’individu alors qu’une héroïne peut se satisfaire d’être le personnage principal d’une œuvre de fiction sans accomplir d’exploits quelconques.

Des nouvelles figures subversives?

Au fur et à mesure des conquêtes féministes, cela commence à changer. Apparaissent des femmes qui « sont moteur de l’action et ne sont plus des femmes dont il faut se méfier, comme les méchantes » note Loïse Bilat. Ces premiers « héros féminins » émergent dans les films de genre, notamment la science-fiction: Barbarella, puis Ripley dans Alien. Cette dernière, contrairement à Barbarella qui reste une pin-up avec une arme, est une femme qui lutte, prend les devants et résout la quête du film. Et s’il faut bien dire qu’elle émerge dans le contexte hyper-virilisé du cinéma holywoodien des années 80, notons tout de même que l’actrice qui l’incarne tranche elle-même avec la princesse blonde et lisse: Sigourney Weaver a des muscles saillants et un visage aux traits marqués. Ces nouvelles figures sont-elles subversives? C’est peut-être en remettant quelque peu en question l’identification au corps qu’elles diffusent un certain trouble dans le genre. Ce qui est d’autant plus troublant dans A armes égales (Ridley Scott, 1997) avec Demi Moore. Ce film met en avant l’idée que le corps des femmes est tout autant construit (par des procédés d’entraînements) que celui des hommes.

Schizophrénie féminine

Pourtant ces nouvelles héroïnes doivent négocier avec de lourds paradoxes. Elles doivent être à la fois affublées des attributs de l’hyperféminité peu compatibles avec leurs performances physiques (seins et fesses comme Angelina Jolie), être des mamans tendres, une professionnelle sans état d’âme et se pâmer devant un beau mâle. Il faut en quelque sorte toujours rappeler qu’il s’agit de femmes et que l’héroïsme s’est principalement décliné au masculin dans notre culture occidentale. Cela conduit inévitablement le scénario vers le moment où, contre toute attente, le héros féminin se doit de rappeler sa douceur, sa – possible ou effective – maternité et autres attributs féminins. Dans Alien II une petite fille apparaît pour rappeler le côté maternel de Ripley; l’héroïne de Kill Bill manie l’épée avec virtuosité et tue son mari félon mais pour récupérer sa fille. On peut dire en quelque sorte que les héros féminins allient souvent violence et beauté.
Salt, sorti en 2010, est une innovation sur différents points, l’héroïne ne sauve pas son mari, élimine ses mentors masculins et finit, son rôle pourrait tout aussi bien être celui d’un homme, seule contre tous. Mais, notons encore que le personnage est interprété par une actrice très sexualisée… Angelina Jolie.

Ambivalence de l’héroïne

Si l’émergence de figures féminines actives ouvre de nouveaux horizons, elle n’en revient pas forcément à dépasser les stéréotypes féminins et masculins. Il ne suffit pas de transposer une femme dans un rôle de héros. Il faudrait encore qu’elle soit indépendante et autonome. Ces figures qui dépassent par certains aspects les stéréotypes et qui introduisent un certain trouble dans le genre, pour reprendre le titre de l’essai de Judith Butler, sont généralement limitées dans leur action, dans l’exercice de leur pouvoir par divers procédés: elles peuvent être en réaction à une situation (viol ou événement insupportable qui engendre la vengeance); elles peuvent être placées sous la hiérarchie d’un homme, souvent un père; leur violence peut être canalisée par leur hyperféminité qui répond à un fantasme masculin; enfin leur violence est comique. En somme, ces « héros féminins », malgré leur potentiel subversif, sont ramenées régulièrement à leur nature de femme qui replace leur action en opposition au rôle des hommes sur un mode hétérosexuel.
Au final, il semble qu’il soit toujours refusé aux héroïnes d’être des « femmes puissantes comme des hommes comme les autres » pour reprendre Raphaëlle Moine et son ouvrage Les femmes d’action au cinéma. Il s’agit toujours de rappeler aux héroïnes qu’elles sont tout de même des femmes dans une société où il n’y a que deux rôles. Le succès de l’héroïne d’action, note-t-elle malicieusement, « ne vient-il pas précisément de son ambiguïté? Elle peut en effet ainsi à la fois faire office de modèle pour celles (ou ceux) qui rêvent d’être elle, et remplir les fantasmes de ceux (ou celles) qui rêvent de l’avoir. » En même temps, « même si ces personnages ne sont pas parfaits, le fait qu’il y ait une démarche artistique qui montre des femmes agissantes qui imposent leur point de vue par leur cerveau ou leurs muscles, c’est positif en soi, pense Bilat. Cela montre qu’elles peuvent avoir une certaine autonomie. »

A ne pas rater cet automne: Le héros était une femme. Le genre de l’aventure, sous la dir. de Loïse Bilat et Gianni Haver, Ed. Antipodes, Coll. Médias et histoire. Cet ouvrage se compose d’une introduction et de 17 articles sur un personnage féminin d’une œuvre de fiction comme Barbarella, Fifi Brindacier, Buffy, Catwoman, Lara Croft, Ellen Ripley (Alien), Yoko  tsuno ou Beatrix Kiddo (Kill Bill).

Carole Aubert, Valérie Solano et Yves Sancey, syndicom, le journal, no. 10, 3 juin 2011